Quelles sont les attentes de la France « des Gilets Jaunes » pour ces élections européennes, Manon Aubry ?
Les Gilets Jaunes ont exprimé sur les ronds-points et dans la rue une demande de justice sociale, de justice fiscale et de démocratie. Le mouvement a choisi de ne pas se donner de chef, et je ne prétendrai pas être porte-parole des Gilets Jaunes. Je pense qu’aux mêmes maux, les Gilets Jaunes attendent les mêmes remèdes pour ces élections européennes. Plus de justice fiscale, notamment en luttant contre les paradis fiscaux, plus de justice sociale, entre autres par la fin du dumping social européen, et plus de démocratie, grâce à un RIC européen par exemple.
Comment pensez-vous y répondre, une fois élue au parlement européen ?
La justice fiscale, la justice sociale et la démocratie sont les moteurs de mon engagement politique. Avec les autres candidats de la France Insoumise, qui ont tous participé aux manifestations des Gilets Jaunes, nous nous battrons bec et ongles pour défendre les services publics et le partage des richesses. Mon combat personnel est notamment celui de la reconnaissance des paradis fiscaux au sein de l’Union Européenne, tels que le Luxembourg ou l’Irlande. Ces paradis fiscaux minent notre système fiscal déjà inégalitaire et sapent nos services publics. Mais au-delà de cette question, nous mettrons un point d’honneur à rester à l’écoute des militants de terrains, Gilets Jaunes inclus, pendant les années à venir, afin de traduire leurs ambitions politiques en actes au Parlement européen.
« Nous refusons que les frontières deviennent des murs sur lesquels viennent se briser les vies des exilés qui fuient la guerre, la misère ou le changement climatique »
Que pensez-vous de la décision d’Andréa Kotarac ?
Ayant découvert l’existence de cet individu lors de son annonce théâtralisée, je ne peux me prononcer sur ses raisons personnelles. Ce que je sais, c’est qu’elles n’ont rien d’idéologiques, car tout oppose la France Insoumise et le Rassemblement National sur le terrain des idées. Un tel rapprochement va à l’encontre de toutes mes convictions, de mes combats, et de ceux des militants de la France Insoumise sur le terrain. Je lui souhaite bon vent et bon débarras.
« Je souhaite bon vent et bon débarras à Andréa Kotarac »
"J'appelle à voter pour la seule liste souverainiste qui met en avant l’indépendance de la France et qui est la mieux à même de faire barrage à #Macron : la liste de @J_Bardella. #19hRuthElkrief pic.twitter.com/G30hAPA81s
— Andréa Kotarac (@AndreaKotarac) May 14, 2019
Quel regard portez-vous sur ces citoyens qui demandent plus de sécurité et… de frontières ?
Le même que je porte sur tous les citoyens : un regard respectueux de leur position politique. Nous souhaitons également plus de sécurité, avant tout une sécurité sociale grâce à des services publics efficaces et un système fiscal véritablement redistributif. Quant aux frontières, nous en demandons plus aussi, lorsqu’il s’agit de retenir les évadés fiscaux ou les emplois délocalisés à cause du dumping social et du libre-échange. En revanche, nous refusons que les frontières deviennent des murs sur lesquels viennent se briser les vies des exilés qui fuient la guerre, la misère ou le changement climatique.
Comment changeriez-vous la directive des travailleurs détachés ?
La directive des travailleurs détachés doit être abrogée. Son principal but est de faciliter le dumping social au sein de l’Union Européenne. A cause de ce texte, des entreprises peuvent embaucher des travailleurs en France et payer leurs cotisations sociales calculées selon leur pays d’origine. Cela veut dire moins de protection pour les travailleurs étrangers, plus de compétition pour les travailleurs locaux et un nivellement par la bas de la protection sociale dans tous les pays. Il faut mettre fin à cette compétition du tous contre tous !
« La justice fiscale, la justice sociale et la démocratie sont les moteurs de mon engagement politique »
Si vous êtes élue, quelle sera votre première action au sein du parlement ?
Mon combat de toujours est la lutte contre l’évasion fiscale. L’UE ferme les yeux sur les paradis fiscaux européens comme le Luxembourg, l’Irlande ou Chypre pour ne citer qu’eux et ce sont tous les citoyens qui en payent le prix par la hausse de la CSG ou de la TVA. Ce scandale n’a que trop duré, et je me battrais dès le premier jour de mon mandat pour y mettre un terme.
Spécial élections européennes 2019 :
* Christophe Chalençon (Évolution citoyenne) : « L’Europe fédérale voulue depuis 40 ans est une utopie »
* Sylvie Guillaume (PS-Place Publique) : « Les mouvements populistes et nationalistes se sont développés à cause de l’absence de réponses de l’UE »
* Jean-Pierre Mercier (FO) : « Quand les politiques parlent de peuple, c’est pour masquer les inégalités sociales »
* Bernard Guetta (LREM) : « Le grand objectif pour l’UE, c’est la stabilisation des relations avec la Russie et la rive sud de la Méditerranée »
* Jordan Bardella (RN) : « Les peuples ne sont heureux que lorsqu’ils sont libres »
A lire également :
* Pierre Person (LREM) : « Nous avons une technocratie omniprésente. Finalement le parlementaire a rarement le dernier mot »
* Pierre Jouvet (PS) : « La volonté du gouvernement est de marginaliser un mouvement populaire en l’associant exclusivement aux casseurs »
* Hugues Renson (LREM) : « Si les Français nous ont fait confiance, c’est qu’il y avait un vrai ras-le-bol avec la vie politique traditionnelle. Ils ont décidé de retourner la table. De tenter autre chose »
* Thiébaud Grudler (MoDem) : « L’UE doit avoir un droit de regard sur Victor Orbàn et son respect de la démocratie libérale »
* Rafik Smati (Objectif France) : « Lorsqu’une caste se fait passer pour une élite, cela me pose un réel problème »
* Gaspard Gantzer (Parisiennes, Parisiens) : « Il n’est pas né le Président de la République qui consultera les Français sur des thématiques européennes »
* Julien Bayou (EELV) : « Les élites libérales profitent de la désunion des peuples d’Europe pour que rien ne change »