
Thiébaud Grudler : « L’UE doit avoir un droit de regard sur Victor Orbàn et son respect de la démocratie libérale »
Il est le Secrétaire Général des Jeunes Démocrates du MoDem, dont le regard porté sur le futur de l’UE va bien au-delà des élections européennes de mai 2019. Putsch l’a rencontré pour essayer de comprendre comment les moins de 30 ans imaginent l’Europe de demain mais aussi la France et ses territoires.
Vous ne croyez pas que la France doit « alléger » son modèle de présidentiel? Aux États-Unis, par exemple, la constitution prévoit plus de contre-pouvoirs…
Le modèle présidentiel est l’essence même de la Ve République et l’héritage légué par le général de Gaulle avec le référendum de 1962. Il trouve sa légitimité dans un moment unique: la rencontre directe d’un homme avec les Français, exprimée lors de l’élection présidentielle. Ce présidentialisme s’explique d’une part par le suffrage universel direct – uninominal à deux tours – mais aussi par le rôle du Président de la République dans nos institutions. La réforme constitutionnelle de 2000 à l’occasion du référendum sur le quinquennat a, en ce sens, renforcé le pouvoir du Président de la République en juxtaposant les élections législatives et les élections présidentielles. Certes, cette mesure a permis d’éviter des épisodes de cohabitation, mais elle a aussi considérablement renforcé le pouvoir du Président de la République qui, une fois élu, est assuré d’obtenir la majorité à l’Assemblée Nationale. Le Président de la République voit donc en contrepartie moins d’utilité à son pouvoir de dissolution. Cependant, il serait beaucoup trop réducteur de ne pas reconnaître que nous sommes toujours dans un régime semi-présidentiel ou semi-parlementaire. Le Président de la République possède un droit de regard sur la politique intérieure du pays mais il nomme un Gouvernement qui lui-même rend des comptes devant l’Assemblée nationale qui a le pouvoir de le faire tomber. Le Parlement est le principal contre-pouvoir, il doit en prendre pleine conscience afin de peser davantage dans la gestion des dossiers du pays. Qui plus est, les médias sont libres en France, les citoyens sont libres de s’organiser comme ils le souhaitent, les contre-pouvoirs existent au sein même de la société. L’affaire Benalla en est un parfait …