Ivanov de Luc Bondy : une inexorable descente vers l’ennui
Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr/ Ivanov est un désenchanté. Epuisé par la monotonie de son quotidien et la fadeur de son entourage, il ne trouve aucun sens à sa vie. Il est vrai que la société russe dans laquelle il évolue est plus que déprimante : avec ses préjugés sociaux et sa petite pensée provinciale, elle ne fait que tourner en rond et s’enlise à son tour dans une sordide mélancolie. Afin de ne pas voir passer le temps, chacun boit, conspire ou se plaint de fausses misères. Ivanov, lui, tue sa femme à petit feu espérant ainsi trouver le remède à son âme oppressée. Ses actes sacrificiels sont cependant bien pitoyables car son épouse, Anna Petrovna, est une personne aussi belle que fragile. Voilà pourquoi face à sa propre lâcheté, Ivanov finira par se mépriser. Voilà pourquoi, conscient de sa monstruosité et de la vacuité de son destin, il renoncera à son ultime renaissance…
Afin de mettre en scène ce roman fleuve d’Anton Tchékhov, Luc Bondy a opté pour un décor très sobre: c’est dans une maison ponctuée de fenêtres qu’évolue l’ensemble de ses protagonistes. Semblable à une triste valse de pantins, cette petite bourgeoisie déchue du XIXe siècle va et vient dans un grand salon témoin de ses rixes et de son inaltérable ennui. Au coeur de ce lugubre microcosme disséqué par Tchékhov se distingue Ivanov brillamment incarné par Micha Lescot. Fidèle à Luc Bondy et à son Théâtre de l’Europe, ce singulier comédien nous avait déjà régalé d’un Tartuffe des plus lubriques au printemps dernier. Les bras ballants et la démarche nonchalante, il s’approprie aujourd’hui la scène de l’Odéon de …
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