Destins croisés de femmes amoureuses : une pièce délicate et intemporelle
Par Florence Gopikian Yeremian – bscnews.fr/ Deux femmes – Deux époques. L’une a seize ans à peine et passe ses vacances à Nice dans les Années 1900. L’autre s’approche de la quarantaine et surfe en permanence sur la toile en écrivant ses articles.
À travers leurs correspondances écrites ou téléphoniques, les visages de ces protagonistes passionnées vont peu à peu prendre vie devant nos yeux.
Marguerite est timide et ne rêve que d’épouser son bel Eugène. Jeanne au contraire, joue imprudemment les croqueuses d’hommes sur des sites de rencontre. L’une est aussi candide que l’autre est perverse et pourtant derrière leurs différences apparentes se cachent une évidente similitude: ces demoiselles sont amoureuses! Oh, non pas d’un amour anodin ou passager, mais d’une ferveur passionnée et dévorante, au point de vouloir consacrer leur vie à l’homme qui les magnétise. Par delà les décennies qui les séparent, Jeanne et Marguerite endurent étrangement les mêmes supplices: l’attente de l’être aimé, l’incertitude de le voir partir, la dépendance quotidienne à ses paroles, à ses caresses… Femmes de chair et de sang, elles sont toutes deux victimes de leur passion et de leurs pulsions au point de se laisser consumer par ce mal quelles qu’en soient les conséquences…
C’est avec authenticité et justesse que l’actrice Françoise Cadol s’empare du très beau texte de Valérie Perronet. Assise derrière sa petite table de bois, elle ressemble à un Janus qui endosse alternativement le masque de Jeanne la candide et celui de Marguerite la voluptueuse. Avec une facilité désarmante, elle passe du sourire aux larmes, de l’espoir au désespoir. Seule sur cette scène nue, elle n’est épaulée que par des jeux de lumière chaude ou froide qui soulignent les métamorphoses de son émouvante prestation.
Ecrira – N’écrira pas? Appellera – N’appellera pas? Beaucoup de charme et de mystère se dégagent de cette performance scénique tendrement rythmée de battements de cœurs et de l’envol de vieilles cartes postales. Malgré la courte durée de la pièce – 1h – on apprécie follement cette ingénieuse mise en parallèle de deux existences par delà les siècles: semblables à des hélices d’ADN, les destinées de Jeanne et Marguerite se croisent, s’enroulent et accélèrent leur trajectoire au point de finir par complètement se confondre. Bon sang ne saurait mentir…
Jeanne et Marguerite
Un texte de Valérie Péronnet
Mise en scène de Christophe Luthringer
Avec François Cadol
Au Théâtre La Bruyère ( 5, rue La Bruyère – Paris 9ème / M° St. Georges)
À partir du 30 janvier 2014
Du mardi au samedi à 19h
Réservations: 0148747699
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