La petite fille de Monsieur Linh : un spectacle bouleversant d’humanité

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Par Mélina Hoffmann – bscnews.fr/ C’est l’histoire d’un vieil homme solitaire, Monsieur Linh, un peu usé par la vie. Après une longue et épuisante traversée, fuyant la guerre qui a décimé toute sa famille en Asie du Sud-Est, il débarque dans un port occidental avec pour seuls « bagages » une petite valise de cuir bouilli, et Sang Diû, sa petite fille âgée de seulement douze semaines, et qui ne pleure jamais. Sang Diû, ça signifie « Matin doux », mais c’est pourtant le froid et l’indifférence qui accueillent ces deux inséparables rescapés.

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Jusqu’à une rencontre inattendue, comme une lueur d’espoir en plein chaos. Sur un banc, M. Bark, un vétéran de guerre, pleure la femme qu’il a perdue et se met à parler à Mr Linh qui l’écoute sans dire un mot, sa petite fille toujours blottie dans ses bras. La langue des deux hommes est différente, mais c’est par le coeur qu’ils communiquent, se comprennent, s’apprivoisent. Au fil des jours, une tendre amitié se crée, nourrie de gestes, d’attentions, de regards, de sourires, de silences, de pudeur.
Philippe Claudel, c’est un univers d’ombres où viennent poindre ça et là quelques rais de lumière et de fragiles espoirs ; c’est un espace où le tragique et le poétique cohabitent ; c’est un instant où la réalité rattrape le rêve pour nous frapper en plein coeur. Dans ce texte court et chargé, l’auteur évoque l’exil, la mort et la folie, trois thèmes aussi graves que sombres sur lesquels cette lumineuse adaptation de Célia Nogues semble venir poser un voile de légèreté. Sur scène, quelques voilages, des jeux d’ombres et de lumière, une petite valise au sol, et une cage suspendue, à l’intérieur de laquelle une lumière demeure tout au long du spectacle. Une mise en scène intimiste et pleine de délicatesse qui apporte une touche supplémentaire de poésie et de tendresse à l’interprétation grâcieuse et poignante de la comédienne. Sylvie Dorliat, seule sur scène, est brillante et déborde de sensibilité.
C’est une histoire impossible à oublier, un spectacle bouleversant d’humanité, et un dénouement qui vous laisse sans voix, le coeur serré, les yeux humides.

La petite fille de Monsieur Linh, d’après le roman de Philippe Claudel
Mise en scène : Célia Nogues
Avec Sylvie Dorliat

A été joué à la Folie Théâtre du 10 mai au 1er juin 2013

Au Festival d’Avignon Off 2014 -Espace Roseau – 14h20

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