Nicomède : une pièce brillamment mise en scène par Brigitte Jaques-Wajeman

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Par Julie CadilhacPUTSCH.MEDIA/ Le projet de Brigitte Jaques-Wajeman pouvait paraître ambitieux : présenter en alternance deux pièces de Corneille dans une seule et même semaine. En effet, si Suréna, sa « dernière pièce testamentaire dévorée par la mélancolie », est plutôt lisible et relativement accessible, Nicomède , par sa profusion de détails sur Rome et ses alliés d’Orient, demande une concentration redoublée et une inclination certaine pour la langue versifiée du XVIIème . Pourquoi avoir choisi ces deux pièces particulièrement? D’abord pour leur actualité car toutes deux évoquent le goût de l’argent et l’ardeur de règner: » elles expriment notre colère face à ceux qui dirigent et dont on estime qu’ils ne méritent pas de gagner« . Face à la machine machiavélique du pouvoir, Suréna et Nicomède incarnent « la liberté, la force de rebellion et d’insolence, la vitalité », attitudes qui rappellent aujourd’hui les révolutions déclenchées par certains peuples contestataires. Ce sont ensuite deux pièces coloniales même si le ton diffère. Suréna a une fin tragique, Nicomède joue sur le comique et le grotesque. « D’une théâtralité incroyable », Nicomède est une pièce où « tout le monde ment à tout le monde ». Dans cette comédie noire, Brigitte Jaques-Wajeman tient à ce que « quelque chose soit remué ». Au départ créée sur un mode quadrifrontal, la pièce veut susciter les connivences entre les comédiens et le public. Le texte et ses dérives burlesques s’y prêtent à loisir. Cette pièce aborde des sujets douloureux et dignes de figurer dans une tragédie mais la dérision ne quitte pas le plateau: il semble que le personnage éponyme ne joue pas la même pièce que les autres protagonistes. Face à la vulgarité et la corruption, il menace à regret le roi lors d’un tête à tête houleux mais son irréprochable loyauté finit par l’emporter. « La modernité de Corneille, c’est ce mélange constant entre le grotesque et le tragique; ce qui est beau, c’est de travailler entre cette détente et cette tension. » Dans Nicomède, on applaudira Bertrand Suarez-Pazos, Nicomède sublime prisonnier d’une cour royale potache; Sophie Daull qui incarne avec justesse une Arsinoé loufoque, marâtre mal-intentionnée de ce dernier… mais aussi Pierre-Stéfan Montagnier qui interprète un père-roi ingrat et castré par les désirs de son épouse. Pour Suréna, on sollitera votre capacité à cliquer ICI. Deux pièces qui se répondent: même scénographie, même distribution, même souffle…pour une passionnante leçon de théâtre classique! Propos de Brigitte Jaques-Wajeman recueillis lors d’une rencontre entre l’équipe artistique et le public le jeudi 7/04/11 au NicomèdeThéâtre des 13 vents. Titre: Nicomède Auteur: Corneille Mise en scène: Brigitte Jaques-Wajeman Avec Pascal Bekkar, Raphaèle Bouchard, Sophie Daull, Mourad Mansouri, Pierre-Stéfan Montagnier, Aurore Paris, Thibault Perrenoud, Bertrans Suarez-Pazoz Au théâtre des 13 vents du 5 au 9 avril 2011 A L’avant Seine à Colombes le 30 avril 2011 Au Carré Saint Vincent à Orléans le 4 mai 2011 Au Théâtre des Célestins ( Lyon) du 22 au 31 mars 2012

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