Montpellier Danse : Angelin Preljocaj à l’amour, à la mort
Le chorégraphe présentait « Winterreise » à l’opéra Berlioz pour la 39ème édition de Montpellier Danse, une création crépusculaire sur les affres du désespoir.
Ca commence par une résurrection, ça finit par un enterrement. Entre les deux, on a de sublimes tableaux représentant l’envol et le crash du sentiment amoureux, appuyés par les méandres du mal-être intérieur. Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj a choisi « Winterreise » (« Le Voyage d’Hiver ») composé en 1827 par un Schubert pressentant sa mort prochaine, sur des poèmes de Wilhelm Müller. Pour le chorégraphe, « le chemin qui mène à la mort est lent, progressif et se poursuit pendant toute la durée des vingt-quatre lieder, comme si on regardait un film au ralenti ». Rappelons qu’un lied est un poème germanique chanté par une voix et accompagné par un piano ou un ensemble instrumental. De fait, Preljocaj s’approprie somptueusement l’œuvre, lui qui voulait dès le départ « créer une véritable résonance entre la danse, la musique et les textes ».
La superbe scénographie alterne noir accablant et rouge passionnel. Ainsi, le chorégraphe magnifie l’obscurité à coup de cendres pailletées qui perlent sur scène et sur les corps. Les chorégraphies sont langoureuses puis excitées. La danse permet de personnifier la passion amoureuse, dévorante, en l’opposant à la furtivité de la vie qui apparaît ici, plus que jamais, à l’agonie et fragile. Au final, les moments colorés, chauds, presque festifs, ne sont que les souvenirs éphémères d’instants de bonheur passés. C’est là que la magie opère, car les mouvements forment ce voyage intérieur plus lent, où plane la mélancolie, l’angoisse et la solitude. Au final, tous les danseurs ne font qu’un. Les chants remarquablement interprétés par le baryton Thomas Tatzl apportent une dimension mystique au corps et à l’esprit qui se vident peu à peu de leur vitalité. Entre tableaux effrénés et flottements poétiques, cette danse macabre est d’une beauté bien vivante.
Winterreise
Pièce pour 12 danseurs
Durée 1h15
Chorégraphie : Angelin Preljocaj Musique : Franz Schubert, Die Winterreise Scénographie : Constance Guisset Lumières : Éric Soyer Costumes : Angelin Preljocaj Réalisation : Eleonora Peronetti Baryton basse : Thomas Tatzl Piano-forte : James Vaughan Danseurs : Baptiste Coissieu, Leonardo Cremaschi, Isabel García López, Verity Jacobsen, Jordan Kindell, Théa Martin, Emma Perez Sequeda, Simon Ripert, Kevin Seiti, Redi Shtylla, Anna Tatarova, Cecilia Torres Morillo Pièce remontée par : Dany Lévêque, choréologue Assistant, adjoint à la direction artistique : Youri Aharon Van den Bosch Assistante répétitrice : Cécile Médour Commande de La Scala de Milan Production : Ballet Preljocaj Coproduction : Festival Montpellier Danse 2019, Les Théâtres – Grand Théâtre de Provence Résidence de création : Les Salins – Scène Nationale de Martigues Première avec le Ballet de La Scala de Milan le 24 janvier 2019 Première avec le Ballet Preljocaj du 01 au 03 juillet 2019 dans le cadre du Festival Montpellier Danse Le Ballet Preljocaj / Centre chorégraphique national est subventionné par le Ministère de la culture et de la communication – DRAC PACA, la Région Sud -Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Département des Bouches-du-Rhône, la Métropole Aix-Marseille Provence / Territoire du Pays d’Aix et la Ville d’Aix-en-Provence. Il bénéficie du soutien du Groupe Partouche – Casino Municipal d’Aix-Thermal, des particuliers et entreprises mécènes ainsi que des partenaires.
Crédit photo : Laurent Philippe