« Different ! » : le festival qui met en lumière un autre cinéma espagnol

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Du 20 au 26 juin 2018, Paris célèbre le cinéma espagnol à travers la 11ème édition du festival « Espagnolas En Paris : Different ! ». Et quel cinéma ! Puissant, humaniste, indépendant, alternatif… tout ce que Putsch aime défendre.

Non, dans le cinéma espagnol, il n’y a pas que Pénélope Cruz ou Pedro Almodovar, même si ces deux-là débordent de talent et n’ont pas volé leur succès. Il y a beaucoup d’autres réalisateurs/réalisatrices et acteurs/actrices espagnol(e)s, tout autant créatifs et doués, qui méritent d’être connus mais surtout regardés. Ce que prouve avec brio le festival « Different ! ». Au programme : « Handia » de Aitor Arregi et Jon Garano, « Carmen y Lola » d’Arantxa Echevarria, « Petra » de Jaime Rosales, « No sé decir adios » de Lino Escalera, « Incerta gloria » d’Agusti Villaronga, « La mano invisible » de David Macian, « La nueve » de Daniel Hernandez Torrado et « Muchos hijos, un mono y un castillo » de Gustavo Salmeron. Sans bouder son plaisir, dès que possible, Putsch a ouvert grand les yeux sur les 8 films projetés, dont 3 ont été sélectionné au Festival de Cannes, afin d’aider le festival « Different ! », organisée par une association (du même nom), à les sortir de l’obscurité des petites salles espagnoles et à les faire descendre dans les rues parisiennes.

Des films qui sentent bon la révolte, la liberté et l’amour familial…

Même si chaque film proposé lors du festival a clairement sa particularité et la signature du réalisateur collée à chaque image, il y a indéniablement de jolies similitudes entre eux. Comme un air de famille dont on n’échappe pas et qu’on aime retrouver. Dans ces 8 films, la thématique de la révolte est omniprésente. Un appel à la révolte : celle qui permet de sauver sa peau, d’imposer et de sublimer ses singularités, de gagner sa liberté et de changer sa vie. Radicalement, définitivement.

Tous les personnages principaux vont se battre afin de faire accepter une idée ou une différence, physique ou sexuelle, afin de corriger une erreur, une absence, une inégalité, afin de transformer leur destin : Carmen et Lola (Rosy Rodriguez, Zaira Morales) vont tenir tête à leurs familles et à la communauté gitane pour s’aimer en toute liberté, Petra (Barbara Lennie), elle, va partir à la recherche de ce père (Joan Botey) qu’elle n’a jamais connu, elle va se rebeller contre le choix qu’il a fait, quelque part pour deux, sans penser aux conséquences, Carla et Blanca (Nathalie Poza, Lola Duenas), ces deux sœurs très différentes, vont se rapprocher et bousculer leur quotidien pour essayer de soigner leur père (Juan Diego) gravement malade et contrer la mort, peu importe les risques et les kilomètres, Martin (Joseba Usabiaga), lui, va oser entrainer son frère Joaquin (Eneko Sagardoy) dans un long voyage pour que sa grande taille ne soit plus un handicap mais un atout qui rapporte la célébrité et la chance etc…

Ce cinéma espagnol alternatif qui met à l’honneur le courage et l’importance de la famille est plaisant à voir et surtout, très bouleversant et puissant. Confortablement installé dans un fauteuil rouge du cinéma Majestic Passy, inévitablement, on pense à sa propre vie, on se questionne. On a soudainement envie de prendre de grandes décisions ou de grands risques, sans attendre, sans armure ni compromis. Comme si le courage et la détermination des acteurs, tous excellents au passage, se transmettaient. Tel un virus.

… mais qui posent des limites bien réelles

Une envie d’agir et de se rebeller bien présentes même si cette révolte, contre les préjugés, l’absence, les circonstances, la maladie, le nazisme, l’injustice, la guerre, la mort coûtent souvent cher aux héros : Carmen et Lola perdent l’amour de leur famille, elles doivent fuir, Petra est déçue et blessée par le père qu’elle finit par trouver, tyrannique, manipulateur et cruel, Carla n’est pas présente au moment du décès de son père, elle qui avait tout lâché pour l’accompagner… Ce cinéma espagnol dresse, tout simplement, la vraie vie. Rien n’est romancé et tout est dur. Durement acquis ou chèrement payé. Les personnages se mettent en danger, ils se positionnent parfois contre les lois et même la morale, ils se montrent à nue et le résultat de leurs efforts n’est pas toujours celui escompté. Pour autant, ils ne regrettent pas leurs choix radicaux car le chemin parcouru les a changés, transformés, libérés. Comme si la déception était plus facile à gérer que l’inaction, comme si la réalité, même imparfaite et cruelle, valait mieux que des rêves ou des projets figés.

Des films indépendants et alternatifs qui s’imposent : 3 d’entre eux sélectionnés à Cannes

Et quel bonheur de savoir que 3 de ces films espagnols, indépendants et alternatifs, souvent réalisés avec des petits budgets mais de grands espoirs et des messages encore plus grands, ont été mondialement reconnus par la profession et sélectionnés à Cannes : « Carmen y Lola », « Petra » et le court-métrage « La nueve » ont eu cette jolie récompense. Mais les cinq autres films du festival ne sont pas en reste pour autant, ils ont reçu de nombreux prix espagnols prestigieux : prix du public, prix du jury, prix du meilleur scénario, prix de la meilleure réalisation, prix du meilleur documentaire, prix de la meilleure révélation masculine ou féminine… Une notoriété donc souvent interne que le festival Different ! souhaite agrandir et exporter à Paris. Une mission remportée vu les salles pleines à craquer lors des projections. Et à travers cet article, à son échelle, Putsch souhaite contribuer à ce beau projet.

 

L’autre cinéma Espagnol – du 20 au 26 juin 2018 – Cinema Majestic Passy

 

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