Une aventure de Chlorophylle : un bel hommage à Raymond Macherot

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Par Boris Henry – René Hausman et Jean-Luc Cornette rendent un très bel hommage au grand Raymond Macherot en donnant leur vision de Chlorophylle, l’un de ses personnages emblématiques. C’est l’été ! Au Petit Bosquet, où vivent notamment Chlorophylle et Minimum, tout devrait donc aller pour le mieux. Mais Minimum paraît ne plus être en pleine possession de ses moyens. Est-ce parce qu’une nouvelle venue s’est installée dans les parages ? En effet, la belle souris Particule Piquechester a décidé de quitter la ville – désormais bien trop polluée – pour s’installer à la campagne ; Minimum ne semble pas insensible à son charme et c’est manifestement réciproque. Malheureusement, de funestes événements vont contrarier l’idylle naissante.

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Il est troublant de lire et de chroniquer cet album désormais, René Hausman nous ayant quitté le 28 avril 2016, quelques semaines après la publication (le 4 mars 2016) de cet hommage à Raymond Macherot, l’un de ses maîtres.
Si le dessin d’Hausman est très différent de celui de Macherot et qu’il y a graphiquement peu de points communs entre leurs deux Chlorophylle – celui de Macherot est tout en rondeur, celui d’Hausman est plus étiré -, l’esprit est proche, les deux artistes comptant parmi les plus grands dessinateurs animaliers de la bande dessinée franco-belge.

Comme dans bon nombre de ses ouvrages, Hausman s’en donne à cœur joie, dessinant une nature sauvage luxuriante, riche en animaux divers et variés. Tout cela est rendu particulièrement vivant par la mise en couleur et sa dimension aqueuse qui permet de jouer à la fois sur l’aspect dense, touffu des lieux et sur la présence de la lumière qui les traverse, les éclaire… les rendant plus accueillants ou, au contraire, plus inquiétants. La plupart des pages comportant peu de cases, les dessins s’enchaînent avec une certaine fluidité, dynamisant ainsi davantage la narration.

Quant au scénario, écrit par l’éclectique et fort talentueux Jean-Luc Cornette, il s’attache au sentiment amoureux, à son apparition comme à sa transformation, rendant palpable ce qui accompagne cela : les premiers frissons, la déception d’aimer et de ne pas l’être en retour… Au centre de ce récit, il y a également la question de l’altérité et de la monstruosité physique. Le monstre des trois sources s’aventure alors sur des sentiers qui évoquent des œuvres comme Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818) de Mary Shelley, L’Île du docteur Moreau (1896) d’H. G. Wells, King Kong (1933) de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack.

Par sa beauté visuelle et sa richesse thématique, cette bande dessinée devrait ravir les enfants comme les adultes sensibles à la poésie de l’univers de Macherot revisitée ici par celle de Cornette et d’Hausman.

Une aventure de Chlorophylle par Hausman et Cornette – Le monstre des trois sources
Éditions Lombard
Scénario de Jean-Luc Cornette, dessins et couleurs de René Hausman
48 pages en couleurs
14,99 euros

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