La Veuve Choufleuri : Une opérette comico-lyrique

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De Florence Yérémian – Une soirée musicale se prépare chez La Choufleuri. Afin d’y attirer le gratin du tout-Paris, elle y a censément convié La Callas, Bartholdi et Laurent Pagny. Seulement voilà, toutes ces célébrités se décommandent à la dernière minute et certaines ont même déjà passé l’arme à gauche… Entourée de son valet, de sa fille Ernestine et de ses bouteilles de champagne, la veuve Choufleuri désespère… Intervient alors Babylas, compositeur sans-le-sou et auteur d’un soi-disant opéra: amoureux fou de Mademoiselle Ernestine, ce malicieux cantador va profiter de la situation pour faire « chanter » la veuve et gagner la main dotée de sa dulcinée…

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Que vous aimiez ou pas l’opérette, cette courte partition théâtrale devrait vous amuser. La Compagnie des Chasseurs S’entêtent y met, en effet, toute son énergie pour incarner les extravagants personnages de la pièce d’Offenbach.
Dans le rôle de La Choufleuri saluons l’emphase caricaturale d’Ornella Petit. Avec sa démarche gargantuesque et sa gouaille d’harengère, cette généreuse actrice livre à son public une veuve aussi grotesque que boulimique. À ses côtés, Romane Coumes prête sa fine silhouette et sa voix de soprano à Mademoiselle Ernestine. Coiffée d’un aberrant chignon stalagmitique, cette coquette sans tête s’amuse à taquiner les octaves autant que les nerfs de sa pauvre mère. Dans cette maison d’illuminés évolue aussi un domestique répondant au nom de Petermann. Interprété avec beaucoup d’humour par le talentueux Renaud Galissian, il déborde de mimiques et n’hésite pas à jouer les grooms anglais avec un succulent accent belge. Pour sauver tous ces hurluberlus du naufrage mondain apparaît enfin Babylas Chrysodule, chantre impécunieux au prénom ridicule. C’est à Alexandre Bussereau que revient le rôle de ce « maître-chanteur » prêt à tous les stratagèmes pour gagner la main fortunée d’Ernestine ! Avec un tel protagoniste l’on regrette que le comédien ne soit pas plus machiavélique. Une interprétation caustique et fallacieuse lui conférerait d’avantage de poids.
Afin d’accompagner ces histrions excentriques, n’oublions pas la discrète présence d’une pianiste soi-disant japonaise. Cachée derrière les touches de son clavier, la menue Ayana Fuentes parvient à arroser toute la pièce de ses gammes enjouées tout en se fondant dans le décor.

Notre coup de cœur revient cependant à Quentin Wasteels qui joue sans aucun complexe les « trophées de chasse » . Affublé de longs bois et d’un museau de cervidé, il dissimule son corps et laisse dépasser sa tête de caribou au dessus d’une cheminée durant tout le spectacle. Bavard comme une bête, il lance en boucle des flots de didascalies et mugit à chaque fois que l’on sonne à la porte de La Choufleuri.

Vous l’avez compris: avec cette jeune troupe comico-lyrique l’ambiance est aux rires et à la bonne humeur. Chez La Choufleuri, les convives courent, chantent et invitent sans-façon le public à monter sur scène. Même si ce n’est pas du grand art, la mise en scène de ce spectacle est inventive, les mélodies complètement loufoques et les dialogues décalés. De quoi dépoussiérer le registre de l’opérette trop longtemps jeté aux oubliettes !

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La Veuve Choufleuri
D’après l’opérette de Jacques Offenbach « Monsieur Choufleuri restera chez lui »
Mise en scène Alexandre Bussereau et Romane Coumes
Avec Ornella Petit, Renaud Gallissian, Alexandre Bussereau, Romane Coumes, Quentin Wasteels, Ayana Fuentes-Uno, Anthony Fernandes, Manon Kathy Harrys
(70 minutes)

Ce spectacle a été présenté le jeudi 5 mai 2016 dans le cadre du Festival de théâtre de Maisons-Laffitte
www.festivalmaisonslaffitte.com

Prochaines dates :
Samedi 7 mai et dimanche 8 mai 2016
Le Back Step – 18 boulevard des graves – 03200 Vichy

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