Nous avons les machines : Attention ! Objet théâtral non-identifié!

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Par Julie Cadilhac –bscnews.fr/ Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ouverture de « Nous avons les machines » des Chiens de Navarre est ébouriffante et le reflet tonitruant de tout ce qui va suivre…Amateurs d’humour et de folie, bienvenus! Les autres, passez votre chemin…parce que vous n’avez pas fini d’avoir une overdose de détails scabreux et sanguinolents durant cette pièce qui se moque de tout et d’abord d’elle-même! Pas de limite au délire pour ces huit interprètes bien décidés à explorer en long, à large et en travers les capacités du collectif à mettre à bas la raison individuelle pour faire exulter une orgie d’images aussi loufoques qu’éclairées sur tout ce qui mine notre quotidien et contaminera notre futur.

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Que montre « Nous avons les machines »? Après une entrée en matière cul-nu de clowns masqués qui nous enjoignent à quitter la salle, une même scène se décline deux fois à des années-lumière de distance. On découvre d’abord une réunion « normale » menée par le 1er adjoint de la mairie de Saint-Martin où il est question de la kermesse du village ; autour de lui, des représentants d’associations caritatives – Ghana Gagnant , IDO, Je te donne -, la chargée de communication de la mairie et ….Gilles, l’improbable homme-à-tout-faire du net. Très vite, l’absurdité au sein de ce cadre réaliste nous éclabousse et l’on rit aux éclats de nous-mêmes, caricatures ridicules d’un système qui ne peut s’empêcher d’un « rapide tour de table pour se présenter », d’utilisations d’expressions branchées, où l’on se donne des « deadline », des « save the date » avec un sérieux hallucinant. Mais les Chiens de Navarre, maîtres de l’improvisation, n’ont pas dit leur dernier mot et font tout voler en éclats dans une joyeuse hystérie collective…et la fin de réunion d’un canevas qui affichait « le côté sérieux d’un théâtre qui manque de budget » exulte de manière explosive…et puis, deuxième round, annoncé par un intermède musical en compagnie d’un drone – clin d’oeil à Apocalypse Now avec La Chevauchée des Wallkyries de Richard Wagner. Les mêmes – ou presque – reviennent tout peinturlurés de vert nous refaire la même comédie et nous prouver que même les extra-terrestres sont condamnés à s’emmerder en réunions, toutes intergalactiques qu’elles soient! Si le « français » est devenu une « langue morte », l’on parle toujours, par convention diplomatique la langue de « 50 après JC – comprenez Jacques Chirac » et lorsque l’empereur souhaite communiquer en haut-parleur auprès de l’assemblée, on use de techniques pour le moins corporelles….Nous n’en dirons pas plus : il faut le voir pour le croire. Les Chiens de Navarre ne reculent devant rien : Adieu pudeur, bienséance et vraisemblance! Bonjour zombies assoiffés de sang de pastèque, éviscération en bonne et due forme et émasculation !
On s’est beaucoup amusé assurément! Et si tout n’est pas de bon goût, ça a – au moins – le mérite d’avoir un objectif précis : le rire. Le rapport au théâtre de cette troupe est cependant ambivalent : les clowns nous incitent à ne pas assister à la suite, trop classique à leur goût et cependant tout est mis en place pour que les mécanismes de la comédie traditionnelle fonctionnent : comique de geste, de langage, de situation, de caractère…Un savant mélange donc de dramaturgies classique et moderne qui se marient avec une « harmonie telle qu’il n’y en eût jamais en enfer »!

Création collective : Les Chiens de Navarre
Durée : 1h10
Avec : Caroline Binder, Céline Fuhrer, Robert Hatisi, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent

Mise en scène : Jean-Christophe Meurisse

Production déléguée : Le Grand Gardon Blanc Coproduction : Théâtre de Gennevilliers – CDN de Création Contemporaine, Maison des Arts de Créteil, Les Spectacles Vivants – Centre Pompidou Paris, Théâtre de Vanves – Scène conventionnée pour la danse, Parc de la Villette dans le cadre des résidences d’artistes 2011 Avec le soutien de l’ADAMI…

Dates des représentations:

– Du 5 au 7 mai 2015 à 20h à hTh (Grammont – Montpellier)

-Du 27 au 28 mai à l’Arsenic – Lausanne(Suisse)

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