Andromaque d’Anthony Magnier… jusqu’au paroxysme des transports furieux !

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Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Facile de résumer l’intrigue de cette célèbre tragédie racinienne : Oreste aime Hermione qui tente de s’accaparer le coeur de Pyrrhus qui est amoureux d’Andromaque qui n’a, elle, de fidélité que pour son fils Astyanax et son défunt époux Hector. On imagine immédiatement la complexité de ce schéma amoureux…

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Andromaque, Hermione : deux figures féminines auxquelles Anthony Magnier donne le premier rôle dans la tragédie de Racine. Sans doute même met-il même l’accent sur la seconde, la fille d’Hélène, promise à Pyrrhus infidèle à son serment de l’épouser. Le metteur en scène s’est-il inspiré de cette réflexion de Voltaire qui affirmait qu’« il y a manifestement deux intrigues dans l’Andromaque de Racine, celle d’Hermione aimée d’Oreste et dédaignée par Pyrrhus, celle d’Andromaque qui voudrait sauver son fils et être fidèle aux mânes d’Hector » ? Sous les feux de la tragédie, Pauline Bolcatto incarne une Hermione – s’enivrant par désespoir ( et l’on regrette là l’utilisation d’un cliché) avec une justesse de jeu inconstante. Si la comédienne illumine certaines scènes d’une émouvante fragilité, elle semble dans d’autres « se regarder jouer » de façon agaçante. Moana Ferré, de son côté, joue une Andromaque dont la souffrance stoïque s’écorne admirablement lorsqu’elle sent la vie de son fils en danger. Elle touche par la force qui émane d’elle face à l’adversité et tranche vis à vis d’une Hermione qui apparaît en miroir déformant comme une amante capricieuse. Face à ces deux femmes brisées, Anthony Magnier est un fils d’Achille convaincant. Rendu fou par la passion qui lui fait rejeter toute raison politique, il joue avec autant de réalisme les minutes bouillonnantes de rage, de faiblesse et d’amour déçu que les égarements contenus, les instants où l’on perçoit son cœur-fauve contenir ses rugissements et tenter de persuader en douceur Andromaque de l’épouser. Derrière ses yeux fous apparaît  » l’enfant rebelle de la Grèce » qui, par amour, après la folie de Pâris enlevant Hélène de Troie, est prêt à braver tout un empire de rois pour un seul soupir d’une veuve captive.
Voilà assurément une Andromaque peu classique. Anthony Magnier a choisi de faire des coupures dans le texte qui siéent parfaitement à sa vision d’Andromaque et la pièce s’achève sur le basculement dans la folie d’Oreste…concluant de manière logique une mise en scène qui cherche à montrer le caractère exacerbé des passions de la tragédie. Nulle retenue, en effet, dans cette pièce qui pousse à leur acmé des êtres dominés par leurs passions. La scénographie, jouant sur des effets originaux de cadrages ( au moyen des rideaux de scène) , sur des jeux de transparence, une bande sonore très présente, des effets de lumières, de fumigènes et d’une pluie de cendres, est extrêmement cinématographique. Le spectateur apprécie ces artifices théâtraux qui accompagnent avec pertinence les choix esthétiques de mise en scène d’Anthony Magnier. En outre, on ajoutera que la volonté de donner à Nathalie Lucas le rôle de tous les confidents ( Pylade, Cléone, Céphise et Phoenix) contribue à accentuer davantage l’impression de spirale infernale qui engloutit ce quatuor amoureux qui n’en fait qu’à sa tête, malgré les recommandations et conseils avisés que chacun peut entendre.

Un moment de théâtre appréciable…

Andromaque de Jean Racine
Durée: 1h35
Mise en scène: Anthony Magnier
Avec Pauline Bolcatto, Moana Ferré, Nathalie Lucas, Anthony Magnier, Julien Saada.
Scénographie: Maxime Kurvers
Costumes: Melisande De Serres
Lumières: Marc Augustin-Viguier
Musique: Mathias Castagné

Dates des représentations:
– Les 15 et 16 janvier 2015 à Lattes(34)- Théâtre Jacques Cœur
– Le 20 janvier 2015 à Coignières – Théâtre Alphonse Daudet

– Du 24 au 27 janvier 2015 au Centre Culturel Jean Vilar ( 78160 Marly Le Roy)
– Le 24 mars 2015 au Théâtre de Guyancourt ( La ferme de Bel Ebat)
– Les 9 et 10 avril 2015 au Théâtre Alexandre-Dumas de Saint-Germain-en-Laye

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