La nouvelle pièce de Lilian Lloyd va vous faire lâcher prise!
Par Florence G. Yérémian – bscnews.fr/ Lilian Lloyd est un être sensible et introspectif qui aime chercher la part de beau inhérente à chacun d’entre nous. Auteur d’une cinquantaine de pièces, il se délecte à y scruter les émotions de ses protagonistes, en les plaçant dans des contextes déstabilisants, aptes à faire ressurgir leur véritable visage. Au printemps dernier, Francis Perrin interprétait l’une de ses oeuvres au théâtre La Bruyère (« Comme un arbre penché »). Lloyd y abordait le thème de l’amitié sous le spectre tragique de la maladie et de l’isolement qui en découle. Avec sa nouvelle création « Joyeux anniversaire quand même », l’auteur se lance dans un tout autre registre: la plume chargée d’humour et d’optimisme, il remet en question notre psychorigidité en décortiquant le quotidien d’un jeune couple apparemment inconciliable….
D’un côté se trouve Olivier, célibataire endurci, perfusé de tocs et laissé à l’abandon depuis des années par son ex-petite amie. De l’autre déambule Loulou, folingue butinante, à mi-chemin entre la baba-cool sentimentale et la marchande de fleurs perpétuellement en quête de petits bonheurs. Avec ses jupes couleur cerise et son adorable moue de Lolita, il est quasiment impossible de résister à Loulou! Qu’elle s’accapare votre peignoir, miaule pour se faire pardonner ou réveille la galerie à trois heures du matin pour qu’on la console, rien n’y fait : le charme de cette jolie excentrique opère à tout va. Olivier ne le sait pas encore mais il va devoir en faire les frais: ayant accepté de prendre Loulou comme colocataire l’espace d’une petite semaine, ce misanthrope frustré va progressivement voir tout son univers chamboulé par cette petite tornade blonde. Jour après jour, ses vieux meubles disparaissent sous de ravissantes nappes colorées, son intérieur s’orne de superbes dahlias et le silence de sa triste vie s’évapore crescendo au profit de chansons d’Aznavour. Avec mauvaise foi et cynisme, ce bougon maladroit réalise alors à quel point la fantasque Loulou peut lui faire du bien. Partagé entre de stupides principes et une soif de vivre trop longtemps réprimée, Olivier va devoir faire face à cette insurrection sentimentale pour enfin se décider à lâcher prise…
Dans cette mise en scène pertinente et rythmée, l’actrice Sophie Di Malta mène indubitablement la danse. Extravagante et lumineuse, elle est d’une aisance impressionnante et dégage une indomptable vivacité du début à la fin de la pièce. Il faut dire que son personnage possède un optimisme à toute épreuve: bonne samaritaine, elle s’attelle à rendre la vie plus belle et bouleverse non seulement le train train d’Olivier mais aussi celui des spectateurs! En déplaçant les meubles de la scène, elle chamboule également toutes les énergies positives de la salle. On se régale en la voyant faire sa révolution chez ce pauvre quadra désespéré qui, faute de courage, possède déjà un pied dans la tombe! De son côté, le comédien Bruno Sanchez compose un rôle plus retenu. Malgré le caractère coincé et revêche de son personnage, il devrait être moins hésitant dans ses propos et faire preuve d’une verve plus cinglante. Diamétralement opposés et pourtant complices, les deux comédiens nous font penser à un couple de petits vieux ne cessant de se quereller malgré l’amour évidant qui les relie. Leur duo est plus qu’attachant et le dénouement de leur rencontre suffisamment inattendu pour qu’on ne vous le divulgue pas…
Joyeux anniversaire quand même? Une comédie pétillante et sucrée qui se savoure agréablement comme un gros roudoudou.
Joyeux anniversaire quand même
Mise en scène Lilian Lloyd
Avec Sophie Di Malta et Bruno Sanchez
Les déchargeurs
3, rue des déchargeurs – Paris 1er
Métro : Châtelet
Jusqu’au 15 décembre 2014
Les lundis à 19h30
Réservations: 0142360050 – 0892683622
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