Hullu ? Un spectacle troublant à deux pas de la sorcellerie !

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Par Florence Gopikian Yeremian – bscnews.fr/ Hullu est une pièce théâtrale hors du temps et des normes. Fantasque et inventive, elle alterne entre l’illusion acrobatique et le grand art de la marionnette.

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L’histoire commence dans la pénombre. Trois personnages apparaissent assis sur un banc un peu trop étroit : au centre gesticule une jeune fille vive et souple entourée de deux hommes austères et inflexibles. La corrigeant sans cesse, ils l’empêchent de se mouvoir, de sourire ou tout simplement de vivre. N’ayant d’autre choix, la jeune fille se soumet, fige son regard dans le vide et devient immobile comme la mort. Dans son dos, surgissent alors de petits êtres étranges aux yeux douloureux et aux visages grimés de blanc. Est-ce un songe? Une hallucination? Une échappatoire imaginaire à cette vie pétrifiée ?
La lumière s’éteint, se rallume et voici nos trois protagonistes projetés au cœur d’une autre dimension. Dans ce lieu sombre à l’écart du monde, tout est propice aux mirages et aux illusions: les objets prennent vie, les assiettes s’envolent et les gens n’existent plus. Seuls vaquent encore ces petits êtres étranges qui se mettent à empiler laborieusement des caisses de carton. Avec lenteur et application, ils alignent des blocs semblables à des tetrominos sans même prononcer une parole. Peu à peu s’élève un mur monochrome qui ne cesse de croître et de s’étendre tout au long de la scène. Tel un barrage entre le monde du rêve et la réalité, cette matrice de carton semble alors prendre vie. Faisant appel à ses petits disciples aux yeux tristes, elle enferme progressivement les trois protagonistes dans ses boîtes prisons pour les empêcher définitivement de répartir dans leur réalité.
La force de ce spectacle repose sur l’étonnante maitrise des faux-semblants et des illusions mises en scène par les comédiens. Souples et agiles, ils ne cessent de se transformer, de s’imbriquer et de donner corps à tous les êtres du plateau. Tels des acrobates caméléons, ils fusionnent et se dédoublent afin de faire naitre des marionnettes à même leurs corps. Une main en guise de tête, un torse qui se résorbe, des jambes qui se volatilisent… S’appuyant sur les effets de lumière et de clair-obscur, ils nous entraînent dans un monde magique et envoûtant où le spectateur se complait à perdre pied. Les enfants s’interrogent sur la vraie nature de ces êtres hybrides tandis que les adultes, troublés par ces tortueux sortilèges, tentent malicieusement de les décrypter.
Grâce à leur talent et leur adresse illusionniste, les trois protagonistes parviennent à instaurer une complicité sensorielle avec le public qui souhaite les aider à fuir de cet oppressant univers parallèle. Les suivant du regard au rythme des lumières qui s’allument et s’éteignent, on cherche inconsciemment à saisir ces lourdes cordes qui les font alternativement passer du rêve à la réalité…Une très belle performance ludique et poétique. A deux pas du monde d’Alice au Pays des Merveilles mais avec sa part d’ombre et de mélancolie. Déconcertant.

[Hullu]
Créée en 2013 et interprétée par les comédiens du Blick Théâtre : Loïc Apard, Johanna Ehlert et Matthieu Siefridt

Théâtre du fil de l’eau
20, rue Delizy – 93500 Pantin

Du vendredi 7 au 15 mars 2014
Mardi et mercredi à 19h30
Jeudi à 14h30 – Vendredi à 20h30
Samedi et dimanche à 16h
Réservation: T. 0184794444 – 0149154170

Et ensuite:

-Mardi 15 avril à Tulle (19)
Limousin – Théâtre des 7 collines

– Mardi 22 avril à Ifs (14)
Basse-Normandie – Espace Jean Vilar

– Vendredi 25 avril à Fouesnant
 Bretagne à L’Archipel

– Du 2 au 3 mai à Lleida
*International – Fira de teatre de titelles

– Du 16 au 17 mai à Choisy le Roi (94) 
Ile-de-France – Théâtre Paul Éluard

– Vendredi 23 mai à Le Kremlin Bicêtre (94) 
Ile-de-France – ECAM

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