Les Kids de Charlot: une revue cocasse et vagabonde

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Par Florence Gopikian Yeremian- bscnews.fr/ Une table longiligne digne de la Cène. Six chapeaux melon alignés et soudainement saisis par des mains gantées sorties de nulle part. Apparaissent alors une demi-douzaine de comédiens dont les têtes poussent au bord de la nappe comme des champignons : vous l’avez deviné, ce sont les enfants de Charlot.

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Vêtus de noir et de blanc, ils sourient, se dandinent, font tourner leurs cannes et débordent de maladresse. Entourant un commissaire à tête de cochon, ils lui expliquent qu’ils n’ont peur de rien car ils ne peuvent tomber plus bas: nés sous X, ils ne sont les bambins de personne et ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Mal coiffés, abandonnés avec leurs mouchoirs sales, ces orphelins aux yeux tristes tentent malgré tout de grandir… seuls. Pour cela, ils s’attachent aux rêves, aux étoiles et même à leur vie qu’ils remettent chaque jour en scène : Errants et chantant en chœur, ils jouent sur les mots, sifflent, gloussent, pondent des œufs et des rêves aussi…
A mi chemin entre le théâtre de l’absurde et la comédie, cette étonnante prestation met en avant de jeunes comédiens qui ne manquent pas de talent: le délicat mime Maxime Norin est un digne enfant de Marceau, quant à la môme Laureen Varquet, elle possède une gouaille prête à doubler Edith Piaf. Les autres gavroches de la Compagnie sont encore un peu discrets mais ils débordent d’ingéniosité et de poésie. Leur présence scénique est solidaire sans pour autant effacer l’audace de chacun. Dans son ensemble, ce spectacle est cocasse, inventif et d’une belle musicalité. Dommage que le propos s’égare : certes, c’est une revue en hommage à Chaplin, leur maître spirituel, mais le parti pris scénique de cette troupe militante est parfois confus. On passe ainsi d’un requiem de Mozart à Visconti, ou des Enfants du Paradis au « padam » de Piaf sans trop comprendre où ces Kids nous mènent. Est-ce une façon de revendiquer leur attachement aux grands classiques du cinéma français tout en dénonçant le quotidien des enfants de la rue ? Bien que l’on apprécie l’ensemble de leurs clins d’œil à Prévert et à Arletty, on s’interroge néanmoins sur leur rapport réel avec la thématique chaplinienne…
Une atmosphère de boulevard du crime jonché de chapeaux melons. Dynamique et pas désagréable !

Sursum Corda – Hauts les cœurs!
Écrit et mis en scène par Pétronille de Saint Rapt Avec : Franck Bevilacqua, Gabriel Clenet, Sophie Farat, Coralie Jayne, Charlotte Marcoueille, Maxime Norin, Julie Papin et Laureen Varquet

Au Théâtre de l’opprimé
78, rue du Charolais – Paris 12e
Métro Gare de Lyon, Reuilly-Diderot, Dugommier, Montgallet

Jusqu’au 2 mars 2014
Du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 17h

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