Coppelia : quand le merveilleux ensorcelle l’esprit à l’Opéra National de Bordeaux
Par Albine Dufouleur – bscnews.fr / « De même que Giselle est la plus grande tragédie du ballet, Coppélia en est la plus grande comédie. Les deux œuvres nous content des histoires d’amour et toutes deux prennent leurs racines dans la réalité aussi bien que dans le fantastique ». Georges Balanchine.
Créée en 1870 à l’Opéra de Paris, l’édition 2013 de ce ballet Pantomime à l’Opéra de Bordeaux est une réussite qui parvient à marier l’univers diabolique et enchanteur d’Hoffmann à une poésie incarnée du réel et de l’ordinaire. Le spectateur ne peut être qu’ébloui à la vue de ces tableaux vivants où défilent les couleurs surprenantes de costumes en mouvement, si bien orchestrés par les corps des danseurs. Le merveilleux ensorcelle l’esprit pour l’amener à admirer simplement, à entrer en étroite connexion avec cette autre vie qui germe sur scène. Que l’être aimé s’anime, qu’un souffle vital pénètre dans ses poumons pour qu’il danse et qu’il vive – pour qu’il séduise et qu’il aime : est-ce la clé déterminante pour que l’amour perdure ? L’amour comme transfert d’énergie réciproque, voilà ce que Frantz redécouvre en observant sa belle fiancée Swanilda, bien vivante qui joue la dupe devant le fabricant d’automates, le célèbre Coppelius. Quant à Coppelia, cette fille aux yeux d’email à la plastique parfaite, qui séduit par la seule force de son image trompeuse, reste cette poupée inanimée dont il faut se méfier. Que le corps jubile par l’âme et que l’âme éveille le corps pour rester et renaître à l’autre chaque matin….avant que la mort ne vous mue en terribles automates : telle est la révélation de ce conte pour adultes, peut-être même la vocation du spectacle vivant ? Dernières touches artistiques à mentionner, la scénographie somptueuse et la maîtrise parfaite des jeux de lumières, qui suggèrent , tout en finesse, un rapprochement avec le monde doux et électrique de l’artiste contemporain Claude Lévêque et qui rappellent les idéaux sublimes et impossibles des peintures de Chagall.
Ballet pantomime en deux actes
Argument de Charles Jude, d’après celui d’Arthur Saint-Léon et Charles Nuitter, tiré de L’Homme au sable d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann
Version chorégraphiée par Arthur Saint-Léon créée le 25 mai 1870 à l’Opéra de Paris.
Version chorégraphiée par Charles Jude créée le 22 juin 1999 au Grand-Théâtre de Bordeaux
Chorégraphie et mise en scène, Charles Jude
Musique, Léo Delibes
/ Direction musicale, Ermanno Florio /
Décors, Giulio Achilli /
Costumes, Philippe Binot/
Conseiller en effets de magie, Gérard Majax/
Lumières, François Saint-Cyr/
Avec Swanie, Oksana Kucheruk (27 juin, 1er et 4 juillet), Vanessa Feuillatte (28 juin, 3 juillet à 15h, 5 juillet), Yumi Aizawa (30 juin, 2 et 3 juillet)
Fonzy, Igor Yebra (27 juin, 1er et 4 juillet), Roman Mikhalev (28 juin, 3 juillet à 15h, 5 juillet), Oleg Rogachev soliste invité (30 juin, 2 et 3 juillet)
Coppélius, Charles Jude ou Roman Mikhalev
– Ballet de l’Opéra National de Bordeaux
– Orchestre National Bordeaux Aquitaine
Dates de représentation:
-Du 20 juin au 5 juillet 2013 à l’Opéra National de Bordeaux
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