Mathilde Monnier : Danser après tout

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Par Emmanuelle de Boysson – bscnews.fr/ Mathilde Monnier est ma sœur. C’est dit. Chorégraphe, danseuse, elle dirige depuis 1993 le Centre chorégraphique de Montpellier.

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Elle a crée une cinquantaine de spectacles avec des artistes comme Rodolphe Burger, Philippe Katherine, Jean-Luc Nancy, Christine Angot. C’est en 2008, au festival d’Avignon qu’elle rencontre François Olislaeger. Frappée par la qualité, la vivacité, la créativité de ses dessins, elle lui propose de l’inviter aux répétitions de sa nouvelle pièce, Pavlova 3’23. Un projet éditorial. Cette BD, fruit de leur travail, est une totale réussite. Les dessins de François Olislaeger retracent le parcours de la chorégraphe : enfance, rencontres, collaborations, famille, inspiration. Le dessinateur ne manque ni d’humour ni de talent. Tant il existe une adéquation entre le jeu de Mathilde Monnier et son coup de crayon. Il capte le mouvement, la fragilité et la force de la danseuse chorégraphe. Il sublime, crée des espaces, des décors, autant d’histoires, d’évocations, de dialogues dans l’esprit de Mathilde, décalés, avec cette pointe de dérision, ce je-ne-sais-quoi de distance, de re-création qui rend ce livre magique, vivant, plein de surprises. La chorégraphe parle de ses petits trucs bien à elle : « Je fais du yoga chaque jour… C’est mon petit moment à moi ». Elle danse en kilt, sur la musique de Kurt Weil, avec Jean-François Duroure aux longs pieds. Elle assiste aux cours de Merce Cunningham. On la voit à ses débuts à Montpellier. Elle parle de notre petite sœur, Marie. « Leur relation a été la tragédie de sa vie ». « Le travail sur l’autisme a été une façon de régler ça ». Parfois, elle intellectualise, le dessinateur en rit. On n’a pas la même vision de nos parents. Notre père n’avait rien de froid, de conventionnel. Hyper sensible, il doutait de lui, il détestait les idées toutes faites. Notre mère ne m’apparaissait pas « super drôle », plutôt politique, organisatrice que mondaine. Qu’importe. La BD de François Olislaeger est une série d’arrêts sur images, un scénario. Les décors, isolés, montrent des écrans, des fils électriques, des pneus… Mathilde va et vient, en action, en improvisation ; elle crée avec les danseurs des marches groupées, des empoignades, des lâchers, des courses, des abandons. Elle se cache, s’exhibe, disparaît : « A deux ans, dans ma mémoire, je décide de quitter la maison », confie-t-elle. Je m’en souviens, elle préférait les voisins. Scène initiatique. Mathilde a toujours voulu s’échapper. Ici, elle se livre avec pudeur et légèreté, telle qu’elle est.

« Mathilde. Danser après tout », de Mathilde Monnier et François Olislaeger. Ed Denoël.

Mathilde Monnier, La Ribot
 Gustavia – 16 mai-01 juin 2013

Paris 14e. Théâtre de la Cité internationale .
Gustavia est une femme à deux têtes et huit membres, vêtue d’un justaucorps noir, qui rit et pleure à la fois. Elle est née de la rencontre en miroir de l’espagnole La Ribot et de la française Mathilde Monnier. Gustavia est une femme au pluriel. Elle est le haut-parleur ludique, politique, frénétique, de beaucoup de femmes à la fois.


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