Les amours oubliables d’Othello et de Desdémone
Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Générale © Jean-Claude AZRIA/ S’il est une mise en scène que l’on ne pourra pas jalouser, ce sera celle de Razerka Ben Sadia -Lavant pour ses Amours vulnérables de Desdémone et d’Othello.
A l’ouverture, dès les remontrances aigries du sénateur vénitien Brabantio, on se surprend déjà à penser que le pire est à venir ,qu’on va être ligoté 2h45 devant une représentation pétrie de maladresses amateuristes…Immédiatement déjà on perçoit les inégalités ahurissantes de qualité de jeu entre les comédiens. En outre, Sapho chante en lisant son texte, les costumes sont aussi grotesques que peu seyants et les intermèdes dansés font pléonasme. Si Othello est un Maure physiquement charismatique, son jeu est catastrophique et à la mort de Desdémone, il réussit même à faire rire le public, rendu un peu nerveux depuis 2h30 d’inepties théâtrales. Que l’idée de choisir le rappeur et écrivain Disiz ait pu s’avérer judicieuse, personne n’en doute. Le résultat n’en est cependant pas concluant et l’inquiétant Othello ,métamorphosé en meurtrier par la jalousie qui le ronge, devient grotesque dans la peau d’un comédien qui ne réussit pas à « entrer » dans son personnage. Une pièce ratée donc que ne sauve pas le formidable Denis Lavant qui incarne avec pertinence et singularité le traître Iago. Littéralement habité par ce personnage vil et vengeur qui manipule la candeur et la transforme en poison, l’acteur détonne au milieu de cette troupe hétéroclite et sans talent remarquable. Un bémol pour Clovis Fouin (Cassio) qui séduit par sa fraîcheur et son côté militaire au grand coeur. Par fortune, Denis Lavant ne quitte que peu souvent le plateau et rend cette tragédie plus digeste. Et puis, pour ceux qui s’étonneront d’avoir tenu bon, soulignons simplement qu’heureusement il y avait….Shakespeare!
De Manuel Piolat Soleymat et Razerka Ben Sadia-Lavant ,librement inspiré de Othello, le Maure de Venise de Shakespeare
Conception et mise en scène : Razerka Ben Sadia-Lavant – assistants à la mise en scène : Soline De Warren et Alexandre de Ganay
Dramaturgie: Razerka Ben Sadia-Lavant et Pierre Lauret
Scénographie:
Laurent P. Berger
Accessoires
:Jane Joyet
Costumes: Eric Martin Réalisation des costumes :Anna Hagmann assistée par Eloïse Descombes et Sarah Luiggi
Lumières :Jaufré Thumerel Chorégraphie des combats : Reda Oumouzoune Chorégraphie :Terese Acevedo et Alexandre Théry
Musique: Mehdi Haddab et Sapho
Avec Teresa Acevedo, Bianca et les Djinns ;
Disiz, Othello
; Clovis Fouin, Cassio;
Alexandra Fournier, Desdémone;
Denis Lavant, Iago
; Reda Oumouzoune, Lodovico; Montano,
Sapho; Le doge,
Bruno Sermonne; Brabantio (Le Père),
Claire Sermonne; Emilia
; Alexandre Théry, Roderigo.
Chant
: Sapho
oud
Mehdi Haddab
Spectacle créé en mars 2013 au Théâtre de Nîmes
Les Dates de représentation en 2013
-Les 12,13 et 14 mars au Théâtre de Nîmes ( Création)
-Les 19,20 et 21 mars à la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau
-Les 26 et 27 mars au Théâtre Liberté à Toulon
-Les 9 et 10 avril à l’Espace des Arts à Chalon-sur-Saône
-Le 12 avril à La Ferme des Bel Ebat à Guyancourt
-Le 16 avril au Théâtre de l’Archipel – Scène Nationale de Perpignan
-Du 14 au 29 septembre : reprise au Théâtre Nanterre-Amandiers
A découvrir aussi:
Benjamin Lazar : un artiste éclairé à l’esthétique baroque
Didier Gauduchon : quand les pinceaux se mettent en scène
Les géants d’ocres pâles : un conte pour enfants mis en scène par Christelle Mélen
Jean-Marie Besset, Gilbert Desveaux et L’importance d’être sérieux
Didier Galas : « L’idée de se masquer, c’est peut-être d’abord pour se démasquer vraiment. »