Melancholia : un grand Von Trier

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Par Candice Nicolas (Correspondante à Los Angeles du BSC NEWS) – bscnews.fr / Le dernier Van Trier a déjà fait beaucoup parler de lui, au festival de Cannes notamment, puisque, d’un extrême à l’autre, il a vu son actrice principale remporter le prix d’interprétation féminine, et son réalisateur se faire congédier par la grande porte. Melancholia est un film sur la fin du monde qui en dit long sur nos peurs et nos fantasmes, sur nos vieilles institutions et nos futilités tellement humaines.

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Une ouverture magistrale, symphonie Wagnérienne en vert et au ralenti, introduit une Kirsten Dunst (sans surprise), tantôt en jean t-shirt, tantôt en robe de mariée, attachée à sa nature de femme, au cœur de la nature même. Une entrée en matière succulente où la photographie fait des miracles et le cinéma confirme sa magie. Puis, un Von Trier, comme on l’attendait avec les ingrédients qui font qu’on l’adore ou qu’on le déteste, caméra à l’épaule, gros plans sur la famille dysfonctionnelle, les relations sadomasochistes, le tout sur un fond de dépression, agrémenté de crise de nerfs et de crises de larmes. Le premier chapitre nous relate les noces de Justine, la mariée dépressive, et Michael, un jeune époux qui y croit, le temps de la cérémonie, un petit tour et puis s’en va à l’aube. Le mariage, qui ne tient même pas jusqu’à la catastrophe et qui rappelle vaguement celui de 5×2 de François Ozon (2004), se tient dans la propriété du très riche John (Kiefer Sutherland, impressionnant), mari de la sœur aînée de Justine, Claire (Charlotte Gainsbourg, impeccable) qui gère la réception, les invités, et apparemment la vie de sa sœur, incapable de faire quoi que ce soit. Alors que Justine semble dénuée de tout sentiment, Claire, est en lutte avec un trop plein d’entre eux ; leur maman est exécrable (Charlotte Rampling, parfaite), leur père volage n’est pas méchant mais semble indifférent aux malheurs d’autrui. Un premier chapitre qui laisse donc à désirer, non parce qu’il dérange de vérité, mais parce qu’il met en scène des personnages, caricatures d’êtres humains et qu’il est difficile d’accrocher à leur histoire. La seconde partie du film est, elle, plus prenante, elle se concentre sur la descente aux Enfers de Claire, qui semblait la plus forte, la plus courageuse et la plus raisonnable des deux sœurs. La dépression a complètement conquis Justine qui vient s’écrouler chez elle, et elle tente de lui redonner gout à la vie, bien que, ironie totale, la fin du monde soit proche. En effet, Melancholia, une planète ennemie, menace de percuter la terre. John réconforte tant bien que mal son épouse, alors que leur fils se prend d’amitié pour sa tata dégénérée. La relation entre les personnages, tous parents, s’intensifie, se crédibilise. On attend avec les jeunes femmes l’impact fatal. Le monde mérite sa fin, et les hommes n’en parlons pas ; Justine nous le dit, John nous le prouve. A suivre ! Et à noter, au niveau du jeu, une Kirsten Dunst aussi émouvante que dans Virgin Suicide, autant dire qu’il faut aimer le genre, par contre, une interprétation magistrale de Gainsbourg, à se demander si on a donné la palme à sa cadette parce qu’on ne pouvait pas la lui donner deux fois de suite. Un fils Sutherland que l’on découvre, et que l’on apprécie dans son rôle de mari prévenant et pourtant aussi imparfait que les autres. Melancholia est donc un film à voir parce qu’il est inégal et imparfait, parce qu’il met en scène la petitesse des choses et la bassesse des hommes, parce que malgré ses longueurs et ses lenteurs, il reste un grand Von Trier, un tableau de la condition humaine sur fond de médiocrité inhérente, exaspérante et attachante.

Candice Nicolas est la correspondante à Los Angeles du BSC NEWS

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