Corteo: Un spectacle hors-temps, côté Seine
Par Philippe Delhumeau – bscnews.fr/ Bien plus que le Cirque du Soleil, c’est le Cirque des Lumières qui prend ses quartiers sous chapiteau à l’Ile Seguin. Corteo, un spectacle hors-du-temps, côté Seine L’Ile Seguin, un berceau sur Seine balloté par les courants de Cirque en Chantier.
Le chapiteau s’élève haut très haut dans le ciel francilien, une façon d’annoncer en avant-première que le spectacle dépasse toutes les espérances. Corteo (cortège en italien) a été pensé à trois cent soixante degrés, la salle et l’espace scénique du Grand Chapiteau sont rotatifs. Le public assiste à l’intégralité des performances sans être gêné par les éléments métalliques de la structure.La scénographie et les décors ont été conçus par Jean Rabasse. Une particularité, un téléphérique en acier (appelé La Patience) surplombant la scène a été installé pour le déplacement des artistes. Une ambiance mi-baroque, mi-contemporaine se dévoilent sur les deux imposants rideaux dimensionnés à l’espace dévolu. Le lyrisme des personnages peints représentent la Procession de Corteo. De grands peintres illustres tels Willette, Picasso, Knight, Pelez et Tiepolo ont influencé Jean Rabasse pour la réalisation de ces chefs-d’œuvre. Dominique Lemieux s’est servie de la plastique des saltimbanques pour créer les costumes de Corteo. Une farandole de couleurs serties sur de belles matières nobles la soie, le lin, le coton et la dentelle défilent durant tout la représentation. Dans la salle, clowns et augustes distraient le public. Monsieur Loyal annonce l’ouverture de Corteo.Des anges descendent gracieusement des cieux. Sur terre, une procession funèbre entre en scène, rires et malices remplacent pleurs et simulacres. Le clown n’est plus, il se rappelle aux siens en évoquant ses obsèques. La fragilité du clown est ainsi mise en avant car elle souligne les oppositions qui déguisent l’homme en auguste et transforment les sentiments en leur contraire. Corteo, un spectacle vibrant des bruits et des musiques de la fête foraine, une réalité qui s’efface pour laisser place au rêve. Le temps s’arrête pendant deux heures et demi. L’élégance s’écrit sur les partitions des notes de musique, des compositions librement imagées pour donner un second souffle de vie au clown défunt, des compositions librement imaginées façon cabaret des rues.L’élégance s’élève au Paradis avec le numéro de voltige. Les artistes s’élancent dans l’espace, dessinent une arabesque dont le trait s’arrête brutalement au contact des mains serrant la fermeté de la vie.L’émotion s’accroche aux Lustres, un exercice de toute beauté qui réunit les quatre anciennes amours du clown. Suspendues à trois impressionnants lustres, elles mêlent acrobaties et tournoiements, comme un dernier baiser adressé au clown. L’enchantement avec les Trampo-lits, de sympathiques artistes qui simulent de jeunes enfants s’amusant dans la chambre de leurs grands-parents. Deux grands lit accrochés dans les airs servent de piste de jeux aux figures acrobatiques. Finesse et plaisir des yeux. Les jeux d’adresse, une chorégraphie qui rime avec précision et concentration. La notion d’équilibre rehausse le lien magique entre l’acrobate et l’appareil, tel dans la Roue Cyr ou encore avec les cerceaux de l’Antipodiste. Le génie à l’état pur avec le numéro de Danse Hélium. Le clown décédé promène délicatement la clownesse accrochée à quatre ballons gonflés à l’hélium. Le public participe pour le plus grand bonheur de l’itinérante, laquelle souffle l’air avec son rire si naturel. Improvisation à l’italienne avec le Teatro Intimo. Dans un tout petit théâtre, se croisent et se bousculent huit personnages parodiant une scène de Roméo et Juliette. Loufoque et drôle. La liste n’est pas exhaustive car les performances s’enchainent tout azimut. Un ange passe et lâche une myriade d’étoiles scintillantes. Il symbolise la légèreté de l’être, une sensation d’apesanteur qui ouvre l’appétit du merveilleux. Tous les Arts du Cirque s’harmonisent dans une grande messe. Point d’orgue, les musiques du monde encensent Corteo, un joyeux bazar. Le cirque, c’est avant tout un vacarme brisant les règles du silence. Un festival de résonnances sous chapiteau. Corteo, c’est aussi une technicité minutieusement appliquée à la règle. Les jeux de lumière constituent à eux-seuls une véritable prouesse, une composante à part entière du spectacle. Sensations, rêves, illusions composent les fantasmes d’une magie intemporelle. La vie s’échappe pendant la durée du spectacle. La fusion de l’imaginaire et de l’art dans une scénographie hors du temps esquissent une sensualité subtile et caressante.Le Cirque du Soleil, c’est le génie de l’innovation; une renommée internationale due à des créations mêlant féérie et magie, enchantement et impertinence. Un Cirque dans l’histoire avec les arts d’hier et beaucoup d’aujourd’hui.Corteo, un spectacle dont la beauté a une âme, l’amour du Cirque.
Cirque du Soleil : Corteo
Cirque en Chantier
Guide et fondateur Guy Laliberté
Metteur en scène Daniele Finzi Pasca
Directrice de création Line Tremblay
Scénographe Jean Rabasse
Conceptrice des costumes Dominique Lemieux
Chorégraphe Debra Brown
Compositeur Jean-François
CôtéCompositeur et directeur musicale Philippe Leduc
Compositrice et directrice musicale Maria Bonzanigo
Lighting designer Martin Labrecque
Conception sonore Jonathan Deans
A BOULOGNE BILLANCOURT – FRANCE jusqu’au 18/12/11
A BARCELONE – ESPAGNE à partir du 20/01/12
A AMSTERDAM – HOLLANDE à partir du 23/03/12