Le mariage audacieux du grotesque et du sublime signé Grace Ellen Barkey

par
Partagez l'article !

Par Julie Cadilhacbscnews.fr/ Cette porte est trop petite ( pour un ours), est un titre absurdement espiègle qui reflète bien le désir de Grace Ellen Barkey de plonger le spectateur dans un univers où le rationnel est substitué à l’empirique.

Partagez l'article !

Progressant par tableaux sans lien véritablement formulable, chacun peut tisser librement son interprétation; ce travail de danse-théâtre se rapproche ainsi d’un recueil de poèmes dont Grace Ellen Barkey offrirait une représentation de chair et d’os et d’autres matières encore… D’abord, on découvre un ours dans une laverie, complètement désorienté, au milieu d’objets qui prennent vie et sont secoués de soubresauts et de convulsions d’une énergie débordante…dans un chaos de couleurs et de gestes, un monde fantasmagorique s’ébat. Puis des bribes de phrases s’immiscent, énoncent des vérités étranges et de drôles de personnages investissent le bord de scène : tantôt clowns, tantôt danseurs de ballet, les interprètes de la NeedCompagny nous invitent à lâcher-prise. Clowns par leurs excès, leur façon de déstabiliser le public en prônant laours désinhibition, en dansant nu, en faisant de leur corps entier une matière à toucher, à palper sous les yeux peu habitués des spectateurs. Clowns ensuite par les pitreries qu’ils exécutent et le ton badin qu’ils emploient mais comme tous les clowns, leur visage souriant cache un mystère plus troublant que l’on retrouve dans les tableaux suivants où une machinerie fait coulisser d’immenses paravents dentelés sur lesquels se dessinent des silhouettes d’animaux qui s’enlacent en baisers..mortels? « Je me suis inspirée d’images du Moyen-Âge » affirme ainsi la talentueuse Lot Lemm à propos de son travail fait entièrement à la main. Ces fascinants rideaux installent soudain une élégance d’une esthétique superbe, un raffinement magique, un romantisme qui tranche, par exemple, d’avec le ballet fort cocasse des cygnes interprété par Julien Faure, Benoît Gob et Maarten Seghers. Ce qui est à applaudir, c’est que chaque minute du spectacle oscille entre grotesque et sublime: lorsque la troupe se déchaîne autour d’un micro en élucubrations musicales délirantes, Yumiko Funaya, par sa danse sensuelle, électrise le plateau et rééquilibre par son animale attraction le chaos de la scène.

Et d’ailleurs, si l’on devait trouver une ligne directrice à ce spectacle hybride, outre ce constant vacillement entre déraison et sagesse, entre dérision et sérieux, entre beauté et dégoût, ce serait cette pulsion de vie, sauvage, primitive qui bat dans les veines des êtres et des objets. « Je suis vivant » hurlent les protagonistes en milieu de spectacle et c’est peut-être ce désir de réveiller les âmes, de faire prendre conscience à nos corps endormis qu’on ne profite pas assez d’eux et qu’on laisse nos sens en veille qui a donné l’idée si singulièrement brillante de créer Cette porte est trop petite ( pour un ours). Vous laisserez-vous tenter?

sensualitéTitre: Cette porte est trop petite ( pour un ours)

théâtre-Danse

A partir de 12 ans…

Concept: Lemm et Barkey

Production: NeedCompagny

DATES/

Au Domaine d’Ô à Montpellier, les 13,14 et 16 octobre 2011

Au Théâtre Garonne à Toulouse les 10,11,12 novembre 2011

Crédits-photos: Phile Deprez et Maarten Vanden

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à