Tokyo Bar: une pièce à la mer!

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Par Julie Cadilhacbscnews.fr/ Si jouer des oeuvres peu connues est louable, si faire connaître les années les plus sombres de Tennessee Williams paraît un enjeu excitant, il faut s’assurer d’abord d’embarquer dans cette aventure périlleuse avec d’excellents matelots. Si l’armature de la pièce est solide avec une belle scénographie et une mise en scène propre, on a envie de partir à la rescousse des comédiens qui bataillent sur scène et se noient, qui dans son texte, qui dans son ego, qui dans son insignifiance. Mercredi soir, au Théâtre des 13 Vents, les spectateurs ont assisté impuissants à l’enlisement de Tokyo Bar. Assurément il n’est pas simple d’interpréter avec justesse l’histoire d’un couple maudit qui vient se perdre dans le bar chic d’un hôtel japonais, d’incarner sans vulgarité ou ridicule l’avidité sexuelle d’une femme esseulée, de jouer avec naturel la folie qui s’accroche progressivement à un peintre maudit, mais entendre des professionnels sonner aussi faux, c’est comme voir un vaisseau foncer droit contre un écueil. Au milieu de la tempête, un seul tient la barre, c’est Mathieu Lee autant malmené par les caprices des clients du bar que par les ratés de ses compagnons de jeu. Laurent d’Olce, tant bien que mal, sort également son épingle du jeu. Mais pour les premiers rôles? Trop d’émotion pour l’une , trop d’inexpérience pour l’autre? Miriam et Mark ont de fort mauvais Tokyo Bar 2moments. Et pourtant, Tennessee Williams leur offre un univers fascinant, dépressif certes, noyé d’alcools et de chagrins, de rencontres sans lendemain et de médicaments mais qui aurait pu être un voyage exaltant où tantôt la colère écume à gros rouleaux ses rancoeurs, tantôt l’amour déferle dans les coeurs, tantôt la raison reflue, tantôt elle gronde… Dans une note d’intention, Jean-Marie Besset explique: « Attention. Ici, chaque mot compte. Échoue. C’est à dire « est échoué », comme un bateau sur une rive inconnue après une tempête. Mais aussi « est un échec », celui d’une vie et celui d’un amour. Ces deux étrangers loin du pays natal ne sont pas un jeune couple en voyage de noces. Mais un couple en exil et au bout du rouleau. Comme interroge d’ailleurs Blanche dans le Tramway : « Vous connaissez le bout du rouleau ? » Ironie théâtrale, les rôles ont -ils rattrapé la vie?

C’était une Première et l’on souhaitera à cet équipage de s’extirper des abysses où il a plongé pour repartir le vent en poupe et cap vers le succès! Une question demeure: les naufragés font-ils par la suite de meilleurs marins?

Titre: Tokyo Bar

Auteur: Tennessee Williams

Traduit de l’anglais par Jean-Marie Besset

Mise en scène: Gilbert Désveaux

Avec Christine Boisson, Robert Plagnol, Laurent d’Olce, Mathieu Lee.

Au Théâtre des 13 vents du 28/09 au 14/10 2011

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