Ohad Naharin: un diptyque-hommage au mouvement précis de la Batsheva
Par Julie Cadilhac–PUTSCH.MEDIA/ Project 5, créé en 2008, ne comptait au départ que 5 interprètes féminines. Deux ans plus tard, le chorégraphe israëlien Ohad Naharin décide d’y associer un second volet en miroir interprété uniquement par des hommes. L’occasion d’apprécier doublement le mouvement précis et sec de la Batsheva Dance Company et de découvrir quatre chorégraphies identiques avec deux sensibilités différentes.
A l’ouverture, un quintette de Georges & Zalman construite à partir d’un texte de Charles Bukowski qui offre au spectateur la sensation étonnante de voir un mouvement se construire par étapes. En effet, « en canon ou à l’unisson, chacun des interprètes répète une même phrase avant de revenir à sa position de départ ». S’ensuit une version singulière du Boléro de Ravel où deux danseurs, par leurs mouvements cassants et qui s’apparentent souvent aux mécanismes du balancier d’une horloge, insistent davantage sur la composition du morceau que sur son ressenti dramatique. Le Trio Park poursuit avec une performance autant vocale que chorégraphique qui fait des corps des instruments vibrants et doués d’un potentiel étonnant. Enfin, Black Milk, sous les notes de l’Etude N°3 pour Marimba de Paul Smadbeck, conclut par un ballet qui montre le caractère très athlétique de la Batsheva. On y apprécie la manière dont Ohad Naharin traduit avec modernité les rituels du travail aux champs et l’on perçoit la vie et ses pulsions paradoxales derrière les mouvements de ces femmes (puis de ces hommes) ceints de sarouels blancs. Un moment de danse superbe.
Titre: Project 5
Chorégraphie: Ohad Naharin
Crédit-photo: Gadi Dagon