Spécial James Gray

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Spécial JAMES GRAY
New York : Témoin immobile des tragédies humaines
Lieu de tournage omniprésent dans l’univers du cinéma américain, New York est à elle seule un film.
Qu’elle soit témoin de toutes les tragédies humaines, théâtre de comédie survoltées, repère incontournable des plus grands polars ou tout simplement envahie par des monstres géants, la ville de New York s’est toujours retrouvée au fil de son histoire sur la pellicule, telle une actrice inamovible du septième art américain.
Beaucoup de films ont illustré New York, beaucoup de réalisateurs y sont très attachés, au point de ne jamais mettre en scène en dehors de la ville monde.
Des réalisateurs comme James Gray, qui, en quatre films (Little Odessa, The yards, We own the night et Two lovers), livre New York comme place essentielle de ses œuvres.
De Brooklyn au Queens, James Gray trace son cinéma le long des stations de métro ; articulation névralgique de la ville et particule omniprésente de ses films.
New York apparaît au travers de ses films comme un jeu d’ombre et de lumière autour de ces tragédies humaines.
La caméra de James Gray nous raconte un New York à l’atmosphère silencieuse, entrecoupée de sons lointains tel un métro sifflant venant brisé lentement le silence d’un terrain vague, ou le bruit de la mer berçant Brighton Beach.
Son décor est brut, souvent filmé de nuit, New York est loin des lumières qu’elle pourrait refléter, au contraire, sa luminosité est discrète, ne dévoilant jamais entièrement ce que cache la nuit, elle est à l’image de ses personnages, qui sont souvent perdus, n’avançant qu’à petit pas comme si la lumière au bout du tunnel s’éteignait puis se rallumait.

Avec Little Odessa, Gray nous dévoile un New York enneigé, comme s’il voulait recouvrir ce quartier de Brighton Beach d’un blanc immaculé, cachant la dégradation de ce lieu abritant la communauté ukrainienne de New York.
Tim Roth y campe un tueur à gage, contraint de revenir à Little Odessa, quartier de son enfance ou il n’est plus le bienvenu. Il y retrouve son frère (Edward Furlong), qui lui annonce que sa mère est en train de mourir.
La famille, la mafia sont des thèmes qui nourrissent ce premier opus.
Il nous livre des quartiers crasseux, délabrés, des rues glauques, des appartements confinés, la neige ne peut tout recouvrir et James Gray fait évoluer cette histoire de frères dans un New York désœuvrée et empreinte d’une atmosphère moite et dure, à l’image de ses personnages.
Dans The Yards, on retrouve Mark Wahlberg, sortant de prison, et embauché dans l’entreprise de son oncle (James Caan), découvrant le monde de la corruption qui régie les sociétés de transport à Manhattan.
New York prend place comme le théâtre d’une tragédie antique, couleurs magnifique, clair obscur impeccable, la ville sort une noirceur magnifique qui apporte un décor imposant et accentue le ton dramatique de cette tragédie familiale.
Le métro souvent filmé apparaît comme la route de taule et d’acier qui pousse Léo (Mark Wahlberg), vers son destin.
“We own the night” encore et toujours la famille, thème très cher à James Gray, on n’y retrouve deux frères, l’un flic (Mark Wahlberg) et l’autre (Joaquin Phoenix) appartenant au milieu de la nuit, l’un deux devra bientôt faire un choix décisif qui changera sa vie à jamais.
Le New York violent de la lutte anti-drogue est décrit par James Gray sans compromis, c’est un monde violent, la mafia russe ne reculant devant rien pour contrôler la ville.
Des boîtes enivrées de Brooklyn au Queens, des squats servant de laboratoires de drogues au commissariat, le film nous fait découvrir plusieurs New York, des quartiers paisibles de banlieue au coin les plus dangereux de la ville. La trame de ce polar magnifique se dévoile à la lumière des néons crépitants pour se résoudre avec la dureté de l’asphalte.
Plus calme en apparence, Two Lovers n’en cache pas moins encore une tragédie.
Joaquin Phoenix (formidable) interprète un jeune homme tiraillé entre deux femmes, déchiré entre raison et passion.
C’est un New York clos qui nous est dévoilé ici, de petits appartements, de ruelles, de toits, d’arrière salle.
Malgré l’immensité de la ville, nous retrouvons toujours les personnages confinés, et également par l’étouffement que subit le personnage principal enclavé dans sa famille, au coeur de ses traditions et sous la pression du monde.
Par ces quatre films, James Gray fait découvrir New York à sa manière, celle d’un véritable auteur de tragédies. Il y impose un décor, une certaine idée de cette ville qui par son architecture et son histoire en fait l’un des acteurs parfait contribuant au travail de talent d’un réalisateur qui n’a pas fini de nous montrer toute les facettes de son art.

Nicolas Bodou

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