Théâtre Montpellier: Besset 1 / Musset 0
Par Julie Cadilhac– PUTSCH.MEDIA / Il faut ( qu’une porte soit ouverte ou fermée)….je ne veux pas ( me marier) est un diptyque dont la première partie se digère dès lors que la deuxième balbutie.
On essaie d’émettre des explications artistiques à la fadeur du premer volet qui montre une scène de badinage entre une jeune veuve, marquise de surcroît , et son soupirant au désespoir. Si le jeu des lumières et les costumes de la marquise sont fort esthétiques et ont « quelque chose de cinématographique » tellement l’on a l’impression de plonger dans l’intimité d’un appartement parisien à la fin du XIXème siècle, si le texte de Musset ne manque pas de sophistication et de romantisme, on reste toutefois assez indifférent face à un jeune couple dont les réflexions sur l’insconstance finissent par lasser. Et à force d’entrées et de sorties échouées, on finit par souhaiter très fort que le Comte prenne enfin congé pour de bon!
Après? Un intermède charmant de danse…un rien de tango…un zeste de décalé chic…la marquise et son galant sont rejoints par Vivien et Tigrane, un couple moderne, qui exécutent les mêmes figures avec une pêche déjà communicative..et la suite ne déçoit pas!Le texte de jean-Marie Besset nous touche autant qu’il nous amuse et il est porté par deux comédiens aussi justes qu’attendrissants. Une scénographie simple et efficace axée autour du futur lit nuptial qui n’en deviendra jamais un !
On s’interroge sur l’intérêt d’y ajouter un prologue : provoquer le spectateur qui pointe la désuétude de la langue classique et de ses codes dans lesquels il ne se reconnait plus? faire réaliser combien l’écriture contemporaine, dynamique et caustique de Jean-Marie Besset nous interpelle davantage? forcer à mettre en parallèle deux esthétiques théâtrales, l’une classique où le geste est précieux autant que le mot, l’autre contemporaine où l’humain s’étale, s’exhibe, se montre tel qu’il est avec ses faiblesses?
On perçoit évidemment la volonté de mettre en exergue cette double lecture du mariage à deux époques où les attentes s’opposent. Au XIXème siècle encore, se marier, c’est être respecté et c’est déjà bien suffisant comme perspective de bonheur conjugal pour une femme. Résister est un exercice habituel qui ne cache rien d’autre que la peur d’être moquée et bafouée.
Aujourd’hui, se marier traîne ses clichés vieillots. Face à des individus qui ont évolué et des exigences de bonheur nouvelles, aux prises avec les angoisses existentielles et l’ère menaçante d’ « un mariage sur trois se termine en divorce » ,le mariage répond par une cérémonie ancestrale , ne se remet pas en question et se contente du statut vacillant de clé nécessaire pour rejoindre un idéal formaté et construit sur des baisers au dessus de décors en carton.
Pour conclure? Quelques explications de Jean-Marie Besset :
« Un parquet assemblé avec soin en point de Hongrie, un mur transparent, une grande porte dessinent les lignes d’un appartement élégant et stylisé aux allures haussmanniennes, où se croisent et se succèdent le Comte, Vivien, la Marquise et Tigrane.[…] Peu de mobilier sinon l’essentiel pour servir le jeu des comédiens, à l’image de cette porte, élément principal de la pièce de Musset, qui se dresse, en bois, physiquement présente, dans un mur inconsistant. L’espace scénographique est traité en noir et blanc [….]. Loin d’un manichéisme opposant deux principes fondamentaux, il s’appuie sur la Représentation du Ying et du Yang, du sombre et de la clarté. Les personnages, seules taches de couleur, prennent place sur l’échiquier pour rééquilibrer cette dualité chromatique. Cette nuance crée le mouvement et l’énergie, qui mettent en lumière ces deux histoires. »
Titre: Il faut…Je ne veux pas
Mise en scène: Jean-Marie Besset
Textes d’Alfred de Musset et Jean-Marie Besset.
Avec Pascal Rénéric, Chloé Olivères, Bénédicte Guilbert, Clément Bertani.
Création / Théâtre des 13 vents – Montpellier