Cours Florent : une création de Jacques Allaire délocalisée à Montpellier

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Dans la petite salle du centre dramatique national, à quelques mètres de la grande scène, s’est jouée une création de Jacques Allaire (lire notre interview), spécialement conçue pour la promotion 2015-2018 du Cours Florent de Montpellier.

C’est un point final à trois années de formation. Et un point de départ. Intitulée « Qu’est-ce qu’on va devenir ?« , cette représentation inédite et éphémère est chargée de questions existentielles, introspectives, sur un avenir forcément incertain. C’est léger, profond à la fois et saupoudré d’un humour décapant. « Je voulais proposer aux 25 actrices et acteurs de la promotion sortante une petite traversée depuis les carnets de notes de Tchékhov – là où Tchékhov a fixé ses premières impressions, sensations et pensées – auxquelles j’ai mêlé en écho la pensée des acteurs du groupe sur leur propre avenir », explique Jacques Allaire.

Et d’ajouter : « Le foisonnement des entretiens fut si grand que nous avons abandonné Tchékhov sur le bord de la route pour n’en adopter que le principe d’un carnet de notes. J’ai alors décidé d’écrire pour eux à partir des verbatim, des interviews, une dramaturgie où le réel et la fiction ne cessent de se croiser et se confondre. Inventer un spectacle dans lequel les êtres eux-mêmes sont devenus des personnages. »
Très énergique voire absolument électrique, la troupe se lance dans un jouissif jeu de rôles pour quitter l’école dans l’incertitude, mais poussée par une euphorie totale.
Les personnages (à la fois réels et fictifs) se jouent d’eux-mêmes (ils ont gardé leurs vrais prénoms), s’inquiètent de leur profession (les difficultés d’être artiste), et leurs questionnements dépassent les barrières théâtrales : qu’est-ce que cette expression, « gagner » sa vie ? Cela se « gagne », une vie ? N’est-on pas prisonnier des limites que nous nous imposons nous-mêmes ? N’est-on pas influencé et formaté dès notre naissance ? Nos propres désirs et craintes sont là, devant nous.

L’humour vient ponctuer cette légère gravité, les éclats de rire fusent en autant des postures théâtrales que des saillies naturellement « djeuns ». Les interludes plus calmes revêtent une aura particulière, le temps est suspendu au détour d’une émotion, d’une conversation, quand la tension retombe. On les attrape tout autour de la grande table, seul élément stable et décor inamovible dans cette effervescence. Devenir, c’est avant tout se mouvoir.

« Qu’est-ce qu’on va devenir ? »  C’est la question que se posent de jeunes comédiens au terme de leur formation, C’est aussi la question de tout être humain et une question majeure de notre temps ? « Si le réel est le matériau de cette étrange fiction j’ai souhaité pour l’aborder, une forme de légèreté : celle des chutes et des tartes dans la figure, celle des malentendus, celle des comédies de nos petites vies qui se cherchent », conclut Jacques Allaire, le metteur en scène.
Effet de groupe oblige, on s’attache à plusieurs personnages qui sortent du lot, qui ont une résonance particulière pour le spectateur. Nous nous sommes pris d’amitié pour Vitto, Marie-Jo et Jason. Et on espère les revoir bientôt.

 

Qu’est-ce qu’on va devenir ?
Création de Jacques Allaire

2 représentations uniques
au HTH Centre dramatique de Montpellier (petite salle)
● Mercredi 30 mai à 14h et 19h
Centre dramatique national de Montpellier
Domaine de Grammont, Avenue Albert Einstein, 34965 Montpellier

Avec : Vittoria Baiocco, Salomé Barbarin, Cyril Barou, Maina Barrera, Simohamed Bouchra, Nicolas Bouzigues, Arthur Combelles, Sophie Delena, Pauline Dumas, Marius Garcia, Karinne Grenier, Roman-karol Halftermeyer, Adélaïde Heliot, Marie José Koszynski, Hugo Merck, Mathieu Michel, Charlotte Nemoz, Jacques Nigon, Louis Roussel Mandelli, Félix Rudel, Jason Santos, Rémi Taffanel, Julie Valle, Erkia Zouine.

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