Editions Grasset: l’éditeur à l’affût de nouveaux romanciers

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Le blé qui lève – Grasset n’attend pas que les éditeurs de moindre importance dénichent les pépites de demain. La marque jaune donne aussi leur chance aux nouveaux romanciers. La preuve par deux.

Les premiers pas de Lou Kanche : « Les astres sont des palais ou s’abritent les fauves les plus étranges ». Norah est professeur de lettres. Neuf ans à peine la séparent de Sofiane, 17 ans et les yeux rougis par les joints. Elle est déjà bobo. Il a des manières mal léchées. Souverain en son royaume, le trublion tisse une toile. Norah se prend à rêver d’engluement. « Il n’y a plus rien de moi en moi. C’est une sensation violente.» Le pauvre petit monde feutré de l’éducation nationale vacille sur son piédestal. Bonjour dérobade… Un récit à deux vitesses, encore ébloui par le premier soleil de la déambulation romanesque. On espère ne pas trop attendre le second.

« Il y a longtemps, j’avais pris l’habitude de me promener seul la nuit dans Paris ». Cela ne vous dit rien ? Et cet emprunt liminaire à Jérôme Leroy « On aimait Modiano autant l’un que l’autre ». Pour son premier roman, Christophe Jamin s’est approprié l’ombre tutélaire de notre dernier Prix Nobel. Effet de curiosité garanti, même s’ils sont plusieurs à jouer les pique-bœufs en cette rentrée. Pourquoi choisir Jamin ? Parce qu’il ose courir le risque d’une descente en flammes. Il avance à cloche-pied, sur une savonneuse ligne de démarcation. Se réclamer du Maître, oui mais. Trempée dans l’encre sympathique, sa plume est un puzzle, davantage qu’un cheminement. Quand il oublie d’aller l’amble avec son modèle, lorsqu’ il écrit « con espressione » sous le contrôle de Jamin, Christophe fait œuvre d’écrivain. Non, ceci n’est pas du Canada Dry.

« Rien que le soleil », Lou Kanche, Grasset, 214 pages. 18,50 €
« Passage de l’Union », Christophe Jamin, 134 pages. 14,90 €

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