France, qu’as-tu fait de ton vin ?

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« Nous devons savoir ce que nous pleurerons, si un jour nous avons à pleurer le vin »

Paru en 1976, ce livre a connu des rééditions (en voici la troisième) qui attestent sa pertinence. Il conjugue passion et lucidité, ivresse et amertume.
A l’époque, comme les mousquetaires, les trois grands vins du monde sont quatre : Bordeaux, Bourgogne, Champagne … et production des Etats-Unis, que Dumay annonce considérer comme les vins d’Amérique « parce qu’ils sont pour l’instant, et pour longtemps encore, les seuls à redouter ». On ose s’en amuser, un demi-siècle plus tard.
Ce qui fait autorité : l’érudition gouleyante de ce vagabond des foudres. Historiographe inspiré, conteur lyrique, observateur malicieux autant que critique cinglant, Dumay tient à distance et en respect le pédantisme jargonneux qui pollue la moindre dégustation d’arrière-boutique. Ce traité sans sulfites ni chauvinisme bouchonné fait la nique aux petits marquis et autres prébendiers qui avaient leur tastevin à l’hôtel de Lassay.
Ce bijou fécondera le lecteur. On comprend qu’il ait séduit Jean-Claude Pirotte, auteur des « Contes bleus du vin », au point de susciter une préface dans laquelle il se plaît à moquer la tolérance zéro, laquelle ne serait rien d’autre que l’intolérance absolue et la volonté masquée d’instituer la répression seule comme principe et mode de gouvernement.
Et priez Bacchus que tous nous veuille absoudre.

« La mort du vin », Raymond Dumay, La Table Ronde, collection La Petite Vermillon, 280 pages. 8,10 euros

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