Elina Braslina : « On essaie de briser les aprioris des Lettons sur la BD »

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Bien que jeune, cette illustratrice lettone a été publiée dans le monde entier depuis 2014. Ses dessins ont coloré des nombreux livres pour enfants. Elina Braslina a expliqué à Putsch (dans un français parfait) comment elle tente de mettre un peu de Lettonie dans ses dessins et de faire rentrer la BD dans son pays.

propos recueillis par

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Quelle a été votre source d’inspiration pour illustrer « A la recherche du singe perdu »?

Tout d’abord je suis partie du texte de Luize Pastore mais aussi c’est le tableau du peintre letton Janis Rozentāls : “Princesse avec un singe”. A part le premier livre que j’ai illustré, dans les suivants, j’ai essayé d’assimiler le style du peintre. Par exemple j’ai intégré des éléments de style cubiste.

Pourquoi ce livre a été traduit en français et d’autres pas encore ?

Sa version française est arrivée au bon moment dans l’hexagone. En effet, l’année passée il y a eu une grande exposition dédiée au symbolisme dans les pays baltes. D’ailleurs, le tableau dont on parle dans « A la recherche du singe perdu » y était exposé. Des fonctionnaires de l’ambassade de Lettonie à Paris, se sont activés pour trouver un éditeur intéressé pour ce volume et voilà qu’on a pu réaliser ce projet.

 

« Dans mes dessins, il y a des paysages, des immeubles, un cadre typiquement letton »

 

Vous travaillez seulement avec des auteurs lettons ?

J’ai commencé à travailler avec des écrivains étrangers. Notamment, avec un auteur irlandais. Puis je collabore avec un poète britannique et un écrivain espagnol.

Cela vous est déjà arrivé de travailler avec des éditeurs français ou francophones ?

Pour l’instant non. Mais j’espère de pouvoir le faire un jour. Surtout parce que, ici en Lettonie, ça nous intéresse beaucoup la BD qui est très très peu présente. On essaie de l’introduire. Par exemple j’ai travaillé sur l’adaptation d’un livre de Luize Pastore en film. Puis je travaille aussi sur l’adaptation des films en BD.

 

Que vous demandent les auteurs étrangers : un trait de crayon cent pour cent letton ?

Je ne crois pas. Maintenant avec internet, nous sommes connectés au monde entier. C’est donc difficile d’avoir un style particulier ancré géographiquement dans un pays. Je pense qu’ils aiment mon style et le fait que je travaille plutôt rapidement.

Mais il y a-t-il un élément letton dans votre oeuvre ?

J’aimerais bien croire qu’il y en a parce, dans mes dessins, il y a des paysages, des immeubles, un cadre typiquement lettons.

 

« Une de mes artistes préférées est une illustratrice du québécoise : Isabelle Arsenault »

 

Revenons un instant à la bande dessinée. Pourquoi est-elle si peu développée dans votre pays ?

C’est parce que la plupart des lecteurs d’ici pensent que ce genre littéraire est un espèce de gâchis. Pour le moment il y a une idée très vague de ce qu’en anglais on appelle le « graphic novel ». Même certains illustrateurs pensent que la BD n’est pas intéressante. On essaye donc de briser les aprioris des lettons sur la BD.

Une dernière question. Quel regard portez-vous sur votre domaine en France ou dans les pays francophones ?

Une de mes artistes préférées est une illustratrice du québécoise : Isabelle Arsenault. J’ai découvert ses illustrations et je les bien aimées. Je commence aussi à découvrir la bande dessinée à partir des « classiques » comme TinTin.  Mais il me reste beaucoup de choses à découvrir.

 

 


“A la recherche du singe perdu”
de Luize Pastore
(Illustrations : Elisa Braslina. Traduction : Nicolas Auzanneau)
Editions Courtes et Longues
68 pages – 15 euros
ISBN : 978-2-35290-200-3


Pour aller plus loin :
www.elinabraslina.com

 


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( Crédit Photo Normunds Braslins )

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