Simon Leys : le paratonnerre contre la folie des idéologies

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Par Laurence Biava – C’est un essai brillant.. « Pendant de nombreuses années, une bonne partie de l’intelligentsia occidentale – en France surtout – s’enflamma pour l’utopie maoïste.

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Jusqu’au jour où une voix isolée, celle du sinologue et écrivain belge Pierre Ryckmans, dit Simon Leys clama son indignation : témoin de la réalité atroce de la « Révolution culturelle », pour dénoncer le caractère totalitaire et meurtrier ».

« Il faut toujours se souvenir du visage » – René Char

C’est l’objet de cet essai : comme pour apporter un démenti, ce livre revient sur les essais sur la Chine de Simon Leys, qui après avoir été traînés dans la boue, ont fini par être reconnus comme des références. Le style satirique de leur auteur fut notamment salué. . On découvrit aussi, sur le tard, l’intérêt marqué de Leys pour Confucius, Tchekhov, Conrad, Cioran, Coetzee, Orwell…ce qui ne pouvait présager que du meilleur..
Simon Leys décédé le 11 août 2014 savait nous instruire, nous faire rêver, nous aider à réfléchir et méditer. En littérature française contemporaine, ses goûts étaient proches du critique Angelo Rinaldi dont on sait les fougues et l’aspérité célèbres…
Contre et envers tout, mais surtout contre les institutions, politiciens et intellectuels de toutes sortes qui se trompèrent avec obstination sur Mao, la stature de Leys s’est construite aux antipodes des critiques acerbes. Son personnage et son ton libres ne purent néanmoins le préserver de se battre contre tous les moulins à vent…
Le Parapluie de Simon Leys fut écrit par Pierre Boncenne, son ami journaliste. Ce «parapluie» protégerait de la bêtise de la figure intellectualiste perçue de manière péjorative.

Cet essai montre comment la lecture de Simon Leys reste un paratonnerre unique contre la folie des idéologies, la sottise et l’esprit de sérieux. Il revient enfin expliquer pourquoi cet insolent rebelle et libertaire fut traité avec une rare condescendance.
Il nomme le parcours intellectuel exceptionnel de l’homme fasciné par la civilisation chinoise. Il raconte une oeuvre singulière, rare et donc, attachante. Il se présente comme un livre inclassable, presque pamphlétaire, contre l’intelligentsia politiste envoutée par la Chine de Mao alors qu’elle n’y a jamais rien compris.
Ce « parapluie » s’il règle des comptes, se présente aussi comme une biographie flatteuse et tendre à l’égard de Leys, mâtiné d’un portrait reconnaissant, haut en couleurs, et débordant de vitalité.
Un des meilleurs essais de l’année.

Le parapluie de Simon Leys
Pierre Boncenne
Editions Philippe Rey
217 pages.

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