Pour Louis de Funès : une réflexion exaltée sur le métier d’acteur
Par Florence Yérémian – Pour ceux qui ont vu Frédéric Le Sacripan sur scène savent déjà qu’il n’a pas sa langue dans la poche. Après son interprétation de L’Homme de paille au Lucernaire
(voir notre article : http://bscnews.fr/201504114651/Paris-Show/l-homme-de-paille-une-superbe-friandise-theatrale-signee-feydeau.html), le jeune acteur est de retour dans un monologue de Valère Novarina communément intitulé « Pour Louis de Funès ». Prêtant sa forte voix à cet opuscule dithyrambique, Frédéric Le Sacripan apparait seul sur scène coiffé d’un symbolique képi de gendarme.
Le texte qu’il entame est un éloge au talent de Funès mais c’est surtout un manifeste théâtral où Novarina a développé une théorie très personnelle sur le métier d’acteur. Dénigrant les metteurs en scènes intellos ou les décorateurs inutiles, l’auteur genevois place le comédien nu au coeur de la scène et en fait l’élément central de toute pièce. A ses yeux, tout bon acteur doit se déposséder de son enveloppe corporelle afin d’atteindre la séparation entre sa Voix et son Corps, et plus précisément, entre sa Viande et son Verbe…
C’est justement ce que fait Le Sacripan en s’appropriant goulument l’écriture impétueuse de Novarina. L’oeil exalté et la tête fière, il se dédouble et déverse ce sonnet gargantuesque de 50 minutes sur un public hébété. Armé d’un sifflet pour ponctuer sa prose frénétique, il siffle, souffle, crie et vocifère pour tenter de nous faire comprendre l’état fondamental que doit atteindre l’acteur : lorsque « cette bête parlante » est sur les planches, elle doit procéder à un tel don de soi qu’elle tombe dans la solitude et que son aspect d’homme finit par disparaitre au profit du langage. C’est à cet animal à parole que ressemble pertinemment Le Sacripan: le Verbe carnassier et l’élocution mordante, il questionne les spectateurs sur la métaphysique du Théâtre, les entraine dans une vive conférence philosophique et offre aux acteurs prétendants une leçon méticuleuse sur leur future profession. Bien que les affirmations de Novarina soient parfois tirées par les cheveux et excessivement récurantes, la performance de Frédéric Le Sacripan est si jubilatoire que l’on se laisse submerger par ce fougueux plaidoyer.
Le Sacripan? Quel Talent!
Pour Louis De Funès
de Valère Novarina
Avec Frédéric Giroutru dit Le Sacripan
Mardi 3 et Mercredi 4 novembre 2015
A 18h – Tarif Unique : 8€
Réservation: 0144854040 ou au guichet
Lire aussi dans Théâtre :
L’autre Galilée: le comédien Cesare Capitani joue les scientifiques avec «foi»
Des souris et des hommes : une pièce d’une humanité désarmante
De l’autre côté de la route : une investigation drôle et attendrissante
Scène de ménage chez les Popokh