Benjamin Lazar : Le Dibbouk, un ambitieux projet à alléger d’urgence
Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Ambitieux projet de la troupe du Théâtre de l’incrédule : monter la pièce de Shalom An-ski, Le Dibbouk, en mêlant les deux versions qu’il en a écrites – la russe et la yiddish. L’histoire de deux jeunes gens qu’une promesse paternelle avait unis avant leur naissance et qui ne pourront finalement pas être unis par les liens du mariage. Contrainte à épouser le gendre fortuné que son père avare lui a choisi, Léa revoit à la synagogue un jeune homme qui a vécu sous le toit familial quelques temps. Leurs regards qui se croisent trahissent leurs sentiments ; ces deux âmes prédestinées à s’aimer se sont reconnues. Aussi son soupirant meurt, foudroyé de désespoir, lorsque la nouvelle des noces de Léa avec un autre est proclamée et son esprit vient prendre possession du corps de sa bien-aimée, refusant d’en sortir malgré les supplications du rabbin. Drame à la dimension fantastique issue des traditions cabalistiques, Le Dibbouk n’est pas seulement le récit d’amours contrariés. Le surnaturel y apparaît comme un moyen d’exprimer la révolte contre l’ordre établi, contre un monde dont la religion, malgré ses beautés et sa force spirituelle attirantes, enchaînent les individus et les aveuglent.
2h30 dont une heure de prologue. Quel ennui! Des questions qui se succèdent, prises en charge par des individus sans identité, à propos de la naissance, de la vie, de la mort : préambule indigeste souhaitant nous imprégner des traditions yiddish et de la dimension métaphysique de cette pièce. Soit.. mais quelle idée saugrenue est née chez Benjamin Lazar, orfèvre de la diction et du jeu baroque, pour décider de mettre en place un plateau à l’ambiance résolument contemporaine? Ne maîtrisant pas le genre, le résultat est médiocre : il semble que chacun cherche une raison suffisante de poursuivre …
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