La Tsigane de Lord Stanley: Venez-voir les Bohémiens qui arrivent !
Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr/ Cette jolie pièce Tzigane est particulière car elle met en scène 24 enfants issus des quartiers défavorisés de la Plaine Saint-Denis. Ecrite par Christine Pellicane, elle s’inspire d’une légende gitane de Jean Portail (Norma et le beau Lord écossais) racontant une belle histoire d’amour entre un noble Lord et une Bohémienne. Remis au goût du jour, le récit prend place au sein d’un petit village français: les sulfureux Tsiganes sont devenus des Roms en vadrouille, quant au distingué Lord Stanley, il ressemble d’avantage à un danseur de Charleston des années 20 qu’à un aristocrate britannique!
Tout commence lorsque les Romanos débarquent dans la bourgade pour y planter leur campement. Déballant bruyamment leur bric-à-brac, ils s’installent sous les yeux courroucés des villageois qui crient au scandale et s’emparent de fourches pour les chasser. Mais Lord Stanley arrive et tente de calmer les choses…
Cette épopée jubilatoire est interprétée tambour battant par une ribambelle d’enfants de 7 à 14 ans. Malgré leur jeune âge, ils maitrisent leur texte sur le bout des doigts et font preuve d’une magnifique spontanéité. Ceux qui interprètent les Romanichels envahissent en un instant la scène et n’hésitent pas à étaler leur linge multicolore sur toute la place. Guidés par un dindon géant, ils piaillent, se chamaillent et dansent joyeusement. Face à cette invasion de manouches, les riverains gaulois qui jusque-là s’étripaient entre eux pour un pitoyable jambonneau, se mettent à chanter « Aux Armes citoyens » pour repousser ces intrus de leur douce France.
L’ambiance est là, à n’en pas douter! Parmi cette allègre troupe enfantine, certains se distinguent un peu plus que les autres par leur audace ou l’originalité de leurs rôles: il y en va ainsi de Marababa la magicienne, du Gaulois Barback affublé de son casque cornu, d’Anatillia la belle Tsigane ou de Falco le chef de la Kumpania. Il y a aussi le tout petit Gendarme Gugus qui fait rire toute la salle avec son énorme toque Elisabéthaine et ses répliques comiques au possible!
Tout cela est mené en musique sur des mélodies tziganes composées par la Compagnie Mohein. Leur rythme, fou et vibrant, transporte l’ensemble des spectateurs aux côtés de cette farandole de nomades et de Gadjitos qui, par delà leur humour, revendiquent haut et fort une volonté de métissage culturel et ethnique. Formés durant des mois par les adultes de la Compagnie Tamèrantong, ces têtes folles sont en effet les farouches défenseurs du pauvre et de l’étranger. Mettant en avant la philosophie de Christine Pellicane qui les a initiés avec ferveur au travail de comédien, ils dénoncent les attitudes de notre société vis-à-vis des roms, des sans-papiers, des sans-abris et des démunis. Derrière leurs bouilles enjouées au possible, ils prônent la tolérance à l’égard de celui que l’on ne connaît pas et dont on se méfie avant même de l’avoir rencontré.
Par-delà ce beau message d’égalité, ce spectacle est également l’occasion de montrer à vos enfants qu’il n’y a pas d’âge pour faire du théâtre et prendre conscience des inégalités de notre monde. A l’exemple de la chanson d’Aznavour, on vous incite à aller voir ces jeunes Gens du Voyage lors de leur grande tournée française: Allez voir les bohémiens, voir les magiciens, voir les comédiens qui arrivent !
La Tsigane de Lord Stanley ? Une farandole sémillante et multiethnique !
La Tsigane de Lord Stanley
Réalisation et mise en scène : Christine Pellicane
Avec la Compagnie Tamèrantong: Aurélien Desclozeaux et Lola Rouge (Les danseurs), Sébastien Prieur (Le Dindon), Stéphanie Giner (la mariée) et les 24 gadjitos de la Plaine Saint-Denis: Alain, Anaïs, Bangaly, Brahim, Caroline, Célestine, Cheehab, Fathy, Hénock, Ilef, Jasmine, Jean-Luc, Julien, Lila, Marc-David, Matita, Noussaïer, Oumérah, Salim, Sarah, Sirine, Yaya et Wesley.
http://www.tamerantong.org
Au Théâtre de l’Epée de Bois – La Cartoucherie
Du 28 au 31 mai 2015
En tournée:
Théâtre Jean Villar à Vitry-sur-seine dans le cadre du Festival de Marne début octobre 2015.
Théâtre Sénart à Combs-la-ville (77) en janvier 2016
Théâtre Edwige Feuillère à Vesoul (70) en mars 2016
Au Centre Dramatique National de Nice (06) en avril 2016
Et au Rocher de Palmer à Bordeaux en mai 2016
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