La magie de Béjart n’a rien perdu de son charme … et Le Presbytère de son attrait!

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Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr/ En 1997 Maurice Béjart a conçu un ballet en mémoire à Freddie Mercury et à l’iconique danseur argentin Jorge Donn. Les deux étant morts du SIDA à 45 ans, Béjart s’est emparé de ce double deuil pour rendre hommage à une génération maudite décimée par son excès d’amour.

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Mise en scène comme une ode à la vie, sa chorégraphie du Presbytère semble n’avoir rien perdu de son attrait: 17 ans après sa création au Théâtre National de Chaillot, elle repart aujourd’hui en tournée à travers la France pour une quinzaine de dates. Le directeur artistique du BBL (Ballet Béjart Lausanne) est a présent Gil Roman et son corps de ballet comporte une quarantaine de danseurs issus de toutes les nationalités. Très fidèle à l’oeuvre de Béjart, ce spectacle se décline durant près de deux heures autour des chansons de Queen et des mélodies funèbres de Mozart. Superposant les partitions rock à la musique classique, ce ballet nous fait songer à une fresque tragico-sensuelle apte à séduire tous les publics. Les fans de Freddie Mercury vont se régaler car sa sublime voix illumine le show du début à la fin: entre des tubes aussi connus que Radio Gaga, Bohemian Rhapsody ou I want to break free, l’énergie de ce chanteur hors-pair se diffuse magistralement à travers les corps et les impulsions de tous les danseurs.
Selon les tableaux chorégraphiques, ces derniers se déplacent en groupe ou éclatent aux quatre coins de la scène. Semblables à une entité mouvante ou à une explosion d’électrons fous, ils nous donnent l’impression de participer à une commémoration quasi-liturgique où chaque individu serait invité à improviser ses propres mouvements rituels: entre les pieds flex, les courses à l’envers et les déhanchements saccadés, on sent à quel point Béjart cherche à briser les conventions en malmenant le côté trop lisse du ballet classique. Entrainant ses danseurs dans d’étranges chorégraphies parsemées de mariés ou de personnages ailés, il s’amuse aussi à casser le rythme de la musique en conférant une asymétrie et une certaine lenteur à ses interprètes.
Très attaché à l’esthétisme et à la recherche chorégraphique, Béjart abreuve également son public de fantastiques solos. Parmi les solistes essentiellement masculins de la troupe de Gil Roman saluons bien bas le mystérieux colombien Oscar Chacon, l’athlétique Masayoshi Onuki (on adore ses éclatants collants « British ») sans oublier le solaire Julien Favreau dont les boucles blondes et le costume rougeoyant irradient impétueusement la scène.
Par delà le talent évident de ces jeunes artistes, il émane néanmoins de ce ballet Béjartien un certain « archaïsme »: en effet, depuis la création du Presbytère, près de vingt ans se sont écoulés durant lesquels la danse contemporaine et expérimentale a beaucoup évolué. Le jeune public d’aujourd’hui s’est accoutumé à des performances très physiques ou ultra-inventives et il peut effectivement avoir l’impression que Béjart manque d’originalité. Il faut donc replacer ce spectacle dans son contexte et son époque afin de pouvoir pleinement en savourer l’avant-gardisme.
Les seules touches vraiment sombres au coeur de cet enthousiasmant Presbytère demeurent les projections radiographiques et les déplacements de corps malades sur des brancards d’hôpitaux. Fort heureusement, leur dimension morbide est contrebalancée par des duos flamenco ainsi qu’une irrésistible parenthèse marine où l’on voit des danseuses se trémousser en maillots de bain au rythme extravagant de Seaside rendez-vous.
Plus qu’un ballet, Le Presbytère est un très grand spectacle où tout est réglé avec la précision d’une horloge suisse: les mouvements, la musique et la scénographie sont conçus au millimètre. Il en va de même pour les costumes – signés Versace – et les jeux de lumières qui enveloppent ce magnifique show d’une poésie explosive!

Comme le clame l’ensemble du corps de Ballet: « Le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat ». Allez-y, vous en ressortirez émerveillés.

Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat
Béjart Ballet Lausanne
Direction artistique Gil Roman
Chorégraphie Béjart
Musique Mozart et Queen
Costumes Versace
http://www.lepresbytere-lespectacle.com
Réservations: Fnac…

Tournée 2015:
4-6 avril au Palais de Congrès Paris
9 avril au Zénith de Dijon
11-12 avril à l’Amphithéâtre de Lyon
15 avril au Zénith Nantes Métropole
18 avril au Zénith de Rouen
22-24 avril au Colisée Roubaix

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