
Eugène Green : « La plus grande ennemie de la francophonie, c’est la France «
Par Marie Der Gazérian –bscnews.fr / Dans le cadre de la semaine de la langue française et de la francophonie qui se tient du 14 au 22 mars, le BSC NEWS a mené plusieurs entretiens avec des personnalités culturelles qui ont un rapport étroit à la langue française. La première interview est consacrée au réalisateur Eugène Green né à New-York. Parisien depuis 1969, il étudie les arts avant de fonder la compagnie de théâtre la Sapience. Dans les années 1990, il se lance dans la réalisation avec son premier long métrage, Toutes les nuits. Il a publié de nombreux ouvrages dont Les atticistes, le dernier en date, aux éditions Gallimard. L’importance qu’il donne aux mots et à la langue dans son œuvre en a fait un invité incontournable. Pour la semaine de la francophonie, il a accepté de parler de son rapport à la langue française.
Auriez-vous une anecdote personnelle à nous raconter à propos d’un mot français d’origine étrangère ?
Toute langue emprunte à d’autres, en général pour nommer un élément de civilisation venu d’ailleurs. Mais depuis trente-cinq ans au moins le français est sujet à une barbarisation massive. Convaincus que le fait d’être barbare est valorisant, de plus en plus de locuteurs saupoudrent leurs phrases « d’anglicismes » qui, la plupart du temps, n’existent pas dans ce qui est censée être leur langue d’origine, ou bien ont dans cet idiome une autre signification que celle que leur attribue l’utilisateur francophone. Par exemple, l’adverbe-préposition off possède la capacité de mettre certains locuteurs hexagonaux dans un état d’extase, mais dans tous ses usages « français » il est dépourvu de sens. Sa définition de base est « qui tombe dans le vide », et son antonyme est on, « …