Evian : la galerie 29 enchante le papier

par
Partagez l'article !

Par Alizée Verdier –bscnews.fr/ La galerie 29, située en Haute-Savoie, dans le centre-ville d’Evian, est un espace d’art contemporain qui propose des expositions, organise des actions pédagogiques et des excursions culturelles. Du 6 décembre 2014 au 31 janvier 2015, elle donne à 4 artistes l’occasion de faire vivre le papier de façon aussi singulière qu’esthétique. Ce matériau, utilisé par tous, semble, grâce à leurs doigts magiques prendre vie pour vous offrir un merveilleux voyage au Pays des merveilles ! Retrouvez- y donc Elodie Coudray, Elsa Brouze, Héloïse Robin ou Izou et Miss Clara dans leur univers enchanté. Rencontre avec deux d’entre elles.

Partagez l'article !

Elodie Coudray

Si vous nous expliquiez d’abord le titre de l’exposition: le Fabuleux « contoir du papier enchanté » ?

C’est un jeu de mots autour du contenu de l’exposition: les contes de fées…Celle-ci est par ailleurs en lien avec l’exposition « Conte de fées, de la tradition à la modernité », qui se tient au Palais Lumière ( voir interview David Sala qui y expose son travail sur La Belle et la Bête) ainsi qu’avec le Fabuleux Village des Flottins, un évènement qui attire un public nombreux à Evian.

Qu’exposez-vous à la Galerie 29?

J’y expose pour ma part les originaux de deux contes illustrés pour l’édition jeunesse: « Les Fées » de Charles Perrault et « Le Magicien d’Oz » de L.Frank Baum, tout frais sorti aux Editions Auzou. Ce dernier n’est pas à proprement parler un conte de fée mais on y trouve bon nombre d’ingrédients propres à ceux-là : pays et royaumes imaginaires, sorcières et magicien, animaux dotés de la parole, quête initiatrice…

En référence au titre de l’exposition « Le fabuleux comptoir du papier enchanté », comment « enchantez – vous le papier?

Mes illustrations sont principalement réalisées à partir de papiers de soie collés sur un support de carton bois, dont j’affectionne la teinte bis. Je peux utiliser ces papiers tels quels, en jouant de leur faible opacité, ou au contraire les charger de pigments, puis les poncer, les gratter, les patiner, les cirer ou les huiler. Le papier est un matériau à la fois fragile et étonnamment résistant… Mais ce qui m’intéresse, c’est la couleur. La subtilité dans les teintes denses et profondes, le contraste provoqué par une couleur grinçante, la fragilité évoquée par une transparence.

Trois autres artistes s’invitent à la Galerie 29 : une artiste en découpage (Elsa) / Izou (créations en bois) et Miss Claire (sculpteuse de papiers). Pourquoi était-il intéressant de mélanger vos univers? Quel est le lien qui vous unit?

C’est Azza Cherif, médiatrice culturelle et responsable de la Galerie 29, qui nous a réunies, mais si nos réalisations sont présentées ensemble à la galerie, nous n’avons pas pour autant travaillé ensemble pour l’occasion. Nos univers respectifs présentent chacun une technique appliquée à la matière papier et au-delà du thème commun des contes, j’imagine que cela apporte un lien de cohérence qui doit être intéressant à découvrir pour le visiteur.

Vous avez fait vos études aux Arts décoratifs de Paris, comment en êtes-vous arrivée à l’édition jeunesse ?

J’ai toujours eu besoin de lire, j’ai toujours aimé les images. J’ai fait des études de stylisme mais j’aurais tout autant pu faire des études d’architecture, j’aime construire et composer. L’illustration me permet de jouer ces différents rôles et puis il y a les divers niveaux de lecture qu’elle offre. A chaque nouveau regard qui se pose dessus, c’est peut-être une nouvelle histoire qui se joue.

Dans quelle mesure vos études dans le stylisme influencent vos illustrations aujourd’hui ?

Mes influences textiles s’imposent de manière ornementale, dans le travail de la couleur et de la matière que j’apporte aux papiers. J’adore peindre des motifs floraux en m’inspirant des ikats japonais par exemple, ou encore créer des raccords et les appliquer sous forme de tampons. Mon rapport à la couture et au vêtement est également présent dans la mise en forme de l’illustration: lorsque je réalise un collage, les éléments découpés ne sont pas sans évoquer un patronage…

Elsa Brouze

Votre art, c’est le papier découpé… pourriez-vous expliquer davantage cette technique à nos lecteurs ?

C’est une technique ancestrale, répandue partout dans le monde. Là où il y a du papier, il y a des découpeurs. On pense bien sûr à la Chine, mais il y une tradition du découpage dans tant d’autres pays ! On peut découper avec des ciseaux (petits ou gros), des couteaux à papier, canifs, cutters. A chacun sa préférence ! Traditionnellement en Suisse, les papiers découpés étaient réalisés lors des veillées, avec des motifs symétriques (ou faussement symétriques; des détails changeaient d’un côté à l’autre). Les ciseaux se prêtaient bien à cet exercice. Depuis, des créations très contemporaines ont vu le jour, des installations, des découpes gigantesques avec d’autres types d’outils.

Si vous nous parliez de cette artiste japonaise Hina Aoyama qui influence tant votre travail….

J’ai découvert le découpage papier assez tardivement, à travers le travail de Hina Aoyama. Cette artiste talentueuse a gagné une triennale du papier à Charmey (Suisse) en 2008. Influencer est peut-être excessif à ce jour, mais disons que cela a été un coup de foudre, un moteur pour essayer moi aussi. J’ai vu une telle délicatesse dans ses œuvres que j’ai voulu essayer. Ma grand-mère maternelle découpait de la dentelle la nuit lorsque ses enfants dormaient. Je continue cette tradition, à ma manière.

Vous êtes à l’origine de la création de la compagnie Dryades qui crée des spectacles de théâtre d’ombres, propose des ateliers d’initiation à cet art et au découpage papier : pourriez-vous nous parler de votre dernier spectacle?

Le théâtre d’ombres allie deux passions: le découpage et les contes. Mon dernier spectacle s’appelle « Contes d’hiver ». (Disons que j’ai modifié de fond en comble un spectacle créé l’année dernière) Il est composé de deux histoires « Le Seigneur de l’hiver «  et « Les lettres du père Noël ». Je joue derrière l’écran, bien sûr, mais aussi devant, afin que les spectateurs me voient manipuler les marionnettes et les objets. J’aime évoquer un univers onirique, où tout est possible. Ces histoires sont pour tout public, dès 3 ans. Je le jouerai à Thonon à l’Atelier le 22/12/14 et à Viry le 24/01/15.

Quelles oeuvres seront visibles lors de cette exposition? Quels contes avez-vous « illustrés » ?

Un carrousel des histoires, des plantes grimpantes géantes, des matriochkas et de minuscules princesses (illustrant par exemple: Blanche-Neige, le Petit Chaperon Rouge, Babayaga, Ivan Tsarevitch et l’Oiseau de Feu, …). C’est une installation jouant avec l’ombre et la lumière.

Galerie 29 – Espaces MJC Evian

29 rue Nationale
74500 EVIAN-LES-BAINS

Entrée libre du mardi au samedi, de 14h30 à 18h et sur rendez-vous. Fermée les jours fériés et entre deux expositions.

A lire aussi:

Exposition : une promenade impressionniste aux côtés de Paul Durand-Ruel

A la découverte des trésors de l’art contemporain

Pendant la paix, la guerre continue : de Lucerne à Liège

Sabrina Teggar : Mnémosyne et boîte de Pandore

Hokusai, le Fou de dessin, au Grand Palais

Reto Albertalli et ses Girls of Kabul

Les photographes de Circulation(s) s’invitent à l’exposition WAVE : regards sur un monde meilleur

Laissez votre commentaire

Il vous reste

2 articles à lire

M'abonner à