Le Marchand de Venise : un bel hommage au Shylock de Shakespeare…
Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr/ Venise 1596 – Antonio est un marchand aimable et altruiste. Afin d’aider son ami Bassanio à courtiser la belle Portia, il accepte d’emprunter trois mille ducats auprès de Shylock, un usurier juif. Malgré sa haine des chrétiens qui ne cessent de l’humilier, le prêteur accepte le contrat mais pose une bien étrange condition à sa créance: si pour une raison quelconque, la somme n’était pas remboursée à la date prévue, alors Antonio serait dans l’obligation de lui céder une livre de sa propre chair tranchée à même le corps. Certain de sa fortune, le marchand signe la clause mais cette singulière requête prend des proportions cauchemardesques lorsqu’Antonio fait faillite. Se trouvant alors dans l’incapacité de rembourser Shylock, il doit faire face au cruel usurier qui l’attend impassiblement le couteau à la main!
Cette pièce de Shakespeare a été écrite à la fin du XVIe siècle. Bien qu’elle soit cataloguée comme une comédie, elle possède de toute évidence une très forte dramaturgie qui entraîne ses personnages vers des actes et des comportements ambiguës : jalousie, haine religieuse, vengeance, traîtrise… Comme à son habitude, le grand William se régale à y sonder l’âme humaine dans ce qu’elle possède de plus noir et de plus extrême. Voilà certainement pourquoi, selon les époques et le point de vue de chacun, Le Marchand de Venise peut s’offrir à une foule d’interprétations. A travers cette toute nouvelle adaptation, le metteur en scène Pascal Faber a choisi de nous exposer la sienne. Afin de mettre en avant l’intensité du texte shakespearien et le talent de sa troupe, il a opté pour une scènarisation minimaliste: le décor se résume en effet à une balustrade agrémentée de quelques caissons de bois. La partition théâtrale repose ainsi entièrement sur la prestation des six acteurs de la Compagnie 13 qui donnent magnifiquement vie aux protagonistes du récit.
Il y a tout d’abord Antonio, le marchand …