L’Avare? Avec cette pièce, on en a vraiment pour son argent!

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Par Florence G.Yérémian – bscnews.fr/ Harpagon est le roi des avares. Chacun le sait en ce bas monde y compris ses grands enfants, Elise et Cléante, qui n’osent avouer à cet entêté de père leurs amours secrètes: Élise a pourtant cédé aux avances du beau Valère, un gentilhomme napolitain; quant à Cléante, il adule une jeune innocente sans fortune qui répond au tendre nom de Marianne. Peste soit de l’avarice et des avaricieux car Harpagon n’entend pas les choses ainsi: le pingre a bel et bien décidé que ses descendants feraient des mariages d’argent! Frère et soeur sont donc destinés à de vieilles fortunes ridées, tandis qu’Harpagon se réserve une pièce de choix ressemblant comme deux gouttes d’eau à la promise de son fils…

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La compagnie du Grenier de Babouchka semble avoir été créée pour interpréter tout le répertoire du grand Molière: après leur adaptation des Fourberies de Scapin (voir notre article) et du Malade Imaginaire, cette joyeuse troupe s’attaque à présent à L’Avare. Dirigés par Jean-Philippe Daguerre, les dix comédiens évoluent sur la scène du Théâtre Michel en toute sérénité: alertes et enjoués, ces jeunes acteurs vénèrent à l’évidence le texte de Jean Baptiste Poquelin qu’ils maîtrisent sur le bout des doigts : qu’il s’agisse de Valère (excellent Stéphane Dauch!), de la juvénile Marianne (Flore Vannier-Moreau) ou de l’aimable Cléante (Antoine Guiraud) se pavanant dans ses précieux pourpoints, chacun rythme naturellement sa prose de mimiques, courbettes et cabrioles. La mention spéciale revient cependant à Didier Lafaye qui incarne un Harpagon des plus zélés: le crâne dégarni, les hauts-de-chausses bouffis et la fraise envahissante, il amuse toute la galerie avec ses colères et sa démarche d’autruche dandinante. La bouche aussi pincée que le coeur, ce véritable « fesse-Matthieu » ne respire qu’à travers les écus d’or de sa cassette qu’il évoque à chacune de ses apparitions. Tandis que son avarice et son humour augmentent crescendo au fil de la pièce, il entraine à ses côtés toute une foule de personnages dont le bon Maître Jacques (David Mallet), son cocher/cuisinier aussi benêt que menteur : on aime vraiment ce campagnard à double toque qui ne cesse de se faire bastonner. On apprécie cependant beaucoup moins l’accent germanique d’Anselme ou le jeu excessif de Frosine l’entremetteuse (Stéphanie Wurtz) qui demeurent totalement en décalage par rapport au rythme subtil et aérien du spectacle. L’ensemble de la mise en scène est en effet harmonieusement pétri dans la grande tradition de la Commedia dell Arte: les querelles succèdent joyeusement aux quiproquos et les comédiens sont si investis dans leurs rôles que la magie du théâtre opère même auprès des adolescents les plus réticents du public. Bien qu’adaptée pour les jeunes, cette farce de Molière est un peu longue (1h45) et complexe pour les petits: c’est une comédie à voir en famille mais nous la conseillons vivement à partir de 10 ans.
Le Grenier de Babouchka? Une troupe à suivre… par les parents, les enfants et les enseignants.

NB: Le théâtre Michel possède une très belle salle mais il faut arriver tôt pour ne pas hériter des strapontins!

L’avare
De Molière
Mise en scène: Jean-Philippe Daguerre
Avec: Didier Lafaye, Antoine Guiraud, Laurence Pollet-Villard, Stéphane Dauch, Christophe de Mareuil, Flore Vannier-Moreau, Stéphanie Wurtz, Pierre Benoist, David Mallet,Philippe Arbeille, Bruno Negri.

Théâtre Michel
38, rue des Mathurins – Paris 8e
Métro : Havre Caumartin – St Lazare – Madeleine

Jusqu’au 2 janvier 2015 et reprise du 3 mars au 22 mai 2015
Séances en alternance les lundi, vendredi, samedi et dimanche
Réservations: 0142653502

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