Lilly : une pièce comme une bulle de savon qui éclate en plein visage

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Par Mélina Hoffmann – bscnews.fr/ Lilly est une jeune fille douce, fragile et pleine de vie, dont les illusions et les espoirs sont venus percuter de plein fouet la réalité trop grise et étouffante du monde des adultes. Lilly ne supporte pas la médiocrité dans laquelle « les autres » se complaisent. Elle, elle veut tout ou rien, de l’intensité, de la vie qui pique, qui surprend, qui étonne, qui secoue. 
Lilly, petit oiseau tombé du nid au milieu de tous ces « pigeons », comme elle les appelle. Elle ne veut pas être noyée dans cette masse qui la juge malade.
Elle voudrait qu’on la laisse continuer à vivre dans sa bulle, en sécurité, à l’abri de ces autres dont elle a peur, de ces autres qui ne la comprennent pas, de ces autres à qui elle ne veut pas ressembler, ça non. Plutôt la folie. Mais elle est internée et forcée d’entreprendre une thérapie pour se soigner, sans trop bien comprendre de quoi.

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Nous suivons l’évolution de Lilly au fil des rendez-vous avec sa psychiatre et de ses tête-à-tête avec sa maladie, incarnée sur scène par un personnage. 

La mise en scène repose sur des jeux de lumière visant à créer deux ambiances et à refléter la dimension poétique du texte. Ainsi, la lumière se fait blanche et froide lorsque Lilly est en consultation avec sa psy, et plus chaude et enveloppante lorsqu’elle « dialogue » avec sa maladie. Et à mesure que Lilly progresse dans sa thérapie, c’est sa maladie elle-même qui se tord peu à peu de douleur, jusqu’à une fin surprenante, savoureuse et pleine de sens.

C’est quoi, au fond, être normal ? Qui décide de quelle vision du monde est la meilleure ? Autant de questions posées en filigrane.

Certains moments sont particulièrement poignants et accompagnés de sublimes musiques, notamment un monologue dans lequel Lilly libère un sentiment de profonde révolte et de tristesse. On sent bien que le texte a une résonance toute personnelle pour la douce et charmante Margaux Cipriani, qui en est l’auteur. Un texte comme une bulle de savon qui éclate en plein visage.

Seul bémol à noter, le jeu parfois un peu excessif d’Alan Aubert-Carlin. Mais pourquoi hurle-t-il sans cesse de la sorte ?! Est-ce la seule manière de donner de la contenance à son personnage, pourtant déjà bien assez sadique? 
Le reste n’est que poésie, et ce serait vraiment dommage de s’en priver.

Lilly
De Margaux Cipriani
Mise en scène : Margaux Cipriani
Avec Margaux Cipriani, Agnès Aubé, Alan Aubert-Carlin

Au Théâtre Clavel
Tous les lundis à 21h30.

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