Tête Haute : Cyril Teste et Joël Jouanneau réinventent la magie du conte

par
Partagez l'article !

Par Elodie Cabrera – bscnews.fr/ Dans les couloirs du temps du monde d’avant, Eklipse voit le jour au royaume de Nerville. À sa naissance, une de ses mains était cousue, impossible à ouvrir, comme si elle renfermait un secret; il manquait un pouce à l’autre.

Partagez l'article !

Ses parents déçus ne pas avoir donné naissance à un prince convoquent alors neuf cavaliers qui, au cours de la nuit de la colère, enlèvent l’enfant. Exilée, la princesse, qui ignore son rang et son prénom, grandit dans les landes, au cœur d’une épaisse forêt avec pour seul ami un vieux dictionnaire, Babel. Il lui enseigne tous les mots de la langue française et ses pirouettes de langage. Tous sauf un : peur. Celle qui fait trembler le corps comme la flamme d’une bougie devant l’obscurité. Prenant son courage à deux mains, le poing en avant et l’esprit érudit, Eklipse traverse la forêt, rencontre un faune farceur puis un roi déchu, happé par l’oubli, et l’aide à recouvrir la mémoire. Tête haute, la fillette court vers son destin et franchit les épreuves de cette fable initiatique. Elle nous enseigne que le savoir n’est rien sans l’expérience, connaître la vie c’est avant tout la ressentir à travers ses cinq sens.
Après Sun et Reset, le metteur en scène Cyril Teste et le collectif MxM nous émerveillent avec cette nouvelle création, tricotée avec les textes de Joël Jouanneau. Ensemble, ils réinventent la poésie à l’ère numérique, fusionnent corps et images dans un langage scénique entièrement tissé autour de la vidéo. Sur scène, les acteurs se fondent et se confondent avec l’écran et deviennent des ombres chinoises dans un décor virtuel fantasmagorique. On y croise quelques trucs et astuces du cinéma comme lorsque Eklipse court à travers la forêt : le paysage défile sur l’écran tandis que son corps, dissimulé derrière ce paravent de pixels, fait du sur-place sur un tapis roulant. Tête Haute nous plonge en direct dans un univers de chimères aux couleurs d’eau, oscillant entre l’opale et l’émeraude, où les mots deviennent des grappes, se transforment en arbres puis s’envolent comme les pistils d’un pissenlit. Ici, les nouvelles technologies servent l’imaginaire sans rien ôter à la féerie du conte traditionnel. Au contraire, Cyril Teste, doux rêveur, les manipule à l’image d’un marionnettiste talentueux. On fait abstraction des ficelles, seule la magie nous agrippe.

Tête haute

Texte : Joël Jouanneau


Mise en scène : Cyril Teste


Collaboration dramaturgique : Philippe Guyard


Assistanat à la mise en scène : Emilie Mousset et Sandy Boizard


Scénographie : MxM


Lumière et régie générale : Julien Boizard


Musique originale : Nihil Bordures


Conception vidéo : Patrick Laffont, Mehdi Toutain-Lopez et Nicolas Dorémus


Costumes : Marion Montel et Lise Pereira


Régie générale et plateau : Julien Boizard, Guillaume Allory et Nicolas Joubert (en alternance)


Régie son : Jérôme Castel
Création objets programmés : Christian Laroche

Dates:

– Du 13 au 25 mai 2014 au Montfort Théâtre ( Paris)

– Les 5 et 6 février 2015 à Sortie Ouest ( Béziers – 34)

– Du 9 au 11 mars 2015 au Théâtre la Passerelle, Scène nationale des Alpes du Sud à Gap


– Du 17 au 19 mars 2015 au Grand R, Scène nationale de la Roche-sur-Yon

– 
Du 26 au 28 mars 2015 à La Criée, Théâtre National de Marseille

A lire aussi:

Nadia Roz : un petit bout de femme qui dynamite la salle

« Mais c’est absurde »? : Encore plus irrationnel que Ionesco!

Le Legs? Jusqu’à présent Marivaux était divertissant, avec Bernard Menez il devient résolument comique!

Royale Légende? Une pièce épistolaire entre Marie-Antoinette et le Chevalier d’Éon

Monsieur Belleville : un passant pas comme les autres

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à