Frédéric Dard : l’ombre de San Antonio

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Par Marc-Emile Baronheid – bscnews.fr/ Photo © ABL FD/ Romancier entré dans toutes les chaumières de France et de Navarre, le truculent San-Antonio en cachait un autre : Frédéric Dard, son vrai patronyme autant que la face la plus lumineuse de son œuvre littéraire. Même si elle dut se contenter de l’ombre.

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La série San-Antonio a amusé, voire régalé les Français de 1949 à 2000, année de la disparition de leur auteur. On lui doit quelque 180 romans au style particulier, forgé avec gourmandise, à la truculence et incarnant la France profonde, celle qui a hissé la gaillardise au rang de réflexe national. San-Antonio n’était pourtant qu’un pseudonyme préservant la pudeur et l’ambition littéraire de Frédéric Dard. Un masque devenu à ce point encombrant qu’il aura raison de l’œuvre édifiée en parallèle : des romans d’angoisse, de désespoir, de solitude, arpentant l’autre territoire de l’âme humaine. Les exégètes évoquent une manière de conversion de Dard au roman noir américain. Il les appelait ses « romans de la nuit ». Entre 1951 et 1966, il en signera une trentaine, marqués du sceau de la cohérence, parus dans la fameuse collection « Spécial police » du Fleuve Noir. Puis Dard choisira de s’effacer définitivement devant San-Antonio. Un volume regroupe les moments les plus éloquents d’une œuvre attestant la véritable stature de l’homme et la carrure impressionnante de l’écrivain. Y figurent « Cette mort dont tu parlais – C’est toi le venin – Des yeux pour pleurer – Le Monte-charge – L’Homme de l’avenue – La Pelouse – Une seconde de toute beauté ». Des témoignages de la solitude de l’homme victime des circonstances ou de ses propres penchants. Dès 1958, Robert Hossein portera à l’écran « Toi… le venin », « Le Monte-charge » suivant en 1962, réalisé par Marcel Bluwal.
L’afficionado de Dard attend d’autres rééditions.

Romans de la nuit de Frédéric Dard, Omnibus, 26 euros

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