En attendant Godot : un tableau à l’encre bleu nuit, où l’imaginaire règne en maître

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Par Laurence Biava – bscnews.fr/ 1er février, Théâtre de Chatillon : la troupe NoNo joue En attendant Godot de Samuel Beckett. On a vu deux êtres en errance s’attarder en paroles ni gagnées, ni perdues. On a vu de vieux clowns en rupture de ban, des laissés pour compte, des anges déplumés aux pieds meurtris, des fous sans roi, mus pourtant par une increvable envie de ne pas retourner en arrière, et puis le rire inexplicable qui surgit de leur attente éperdue.

Un arbre, une route. Ils s’arrêtent un moment, et le monde semble avoir tourné sans eux. Est-ce que ça va ? Pas trop mais pas trop mal. Et soudain, trop, et trop mal. Deux autres arrivent. Couple antinomique, l’un est victime, l’autre est bourreau. Les attentes se croisent et ne dialoguent jamais vraiment. Il n’y aura pas de vainqueur, à peine des survivants, et pourtant dans l’intervalle on sera passé du rire aux larmes, et la vision a embrassé le monde tout entier.

 Le Théâtre de Beckett est le reflet d’influences multiples, de l’infime au cosmos. « Invention d’un monde comme l’écume de toutes les histoires déjà racontées » dit l’un des metteurs en scène..
L’ écriture de Beckett est un tableau à l’encre bleu nuit, où l’imaginaire règne en maître, où l’incongru, le pathétique, l’imaginaire, le cosmique, le rire, l’anéantissement le disputent à une réalité triviale, crue et sensible, lapidaire et frêle, trop, beaucoup trop humaine.

Pour Beckett, vivre, c’est attendre de mourir. L’attente de la mort, véritable fil rouge de cette œuvre en particulier, est pour ainsi dire le seul thème beckettien.

La mise en scène de cette pièce est sans afféterie ni procédé, et la parole des deux protagonistes est issue du temps, posée, là, au réel de la sensation. On y perçoit bien la dimension philosophique, voire métaphysique de la posture de l’écrivain : l’attente de la fin se donne pour toute action et réclame une forme dramatique, une poétique qui exprime cette révolution.

 Cette représentation avec ses acteurs épatants, est un petit miracle et un grand bonheur : une très belle réussite !

En attendant Godot

Samuel Beckett

Adaptation: Marion Coutris et Serge Noyelle

Avec Christian Mazzuchini, Grégory Miege, Serge Noyelle, Noël Vergès…

Dates des représentations:

-Création au Théâtre Nono à Marseille du 7 au 23 novembre 2013

-Le 17 janvier 2014 à l’Espace Marcel Carmé, Saint-Michel sur Orge

– Les 30 et 31 janvier et 1er février 2014 au Théâtre de Chatillon

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