Étranges retrouvailles: Francis Perrin et son épouse vont vous faire sortir vos mouchoirs
Par Florence Gopikian Yeremian – bscnews.fr/ Francis Perrin change de registre. Ne vous attendez donc pas à voir une comédie. Comme un arbre penché est un texte sensible et grave sur le repentir et la maladie. La pièce prend d’ailleurs place dans un hôpital où Louis (Francis Perrin) rend visite à son copain d’enfance, Philippe (Patrick Bentley). Suite a un accident, ce dernier est entièrement paralysé et ne peux communiquer avec le monde que par le clignement de ses yeux. Aussi tragique soit ce « syndrome d’enfermement », il va être l’occasion ultime de réunir deux compères brouillés depuis plus de douze ans.
Face à l’état végétatif de Philippe, Louis est complètement décontenancé. Passant de la panique au déni total, il finit par accepter la tétraplégie de son ami et décide de lui rendre visite chaque jour. Devant cette moitié d’homme muré dans un silence permanent, Louis se plie en quatre: il blague, évoque leurs souvenirs d’adolescence à Châteauroux et ne cesse de taquiner Philippe sur leurs premiers amours. Drôle et émouvant, il soliloque en boucle et meuble à lui seul toutes les discussions. Fort heureusement Mathilde (Gersende Perrin) n’est jamais très loin: en tant qu’aide soignante, elle intervient pour lui donner la réplique et devient le témoin quotidien de ces étranges retrouvailles. Selon l’humeur de Louis, Mathilde le console ou le réprimande et elle finit même par se laisser courtiser.
La mise en scène est aussi simple que l’histoire. Afin de ne pas tomber dans le pathétique, Francis Perrin a choisi de composer son rôle sur plusieurs registres: parsemant son interprétation d’émotion, de maladresses mais aussi d’humour, il parvient avec justesse à minimiser l’aspect tragique de la pièce. En écoutant les mensonges et les confessions de son protagoniste on ne rit pas, mais l’on sourit: trois fois marié, harcelé par une mère juive qui le « maraboute », père d’enfants mal élevés qu’il connaît à peine… Au fil du récit de ses petits tracas, on devine que cet être agité a quelque chose à se reprocher et qu’il n’attend qu’un battement de paupière de son taiseux pour obtenir enfin sa rédemption. Quelle est donc cette faute qui a détruit une amitié si belle et qui le fait ployer sous la culpabilité?
A travers son écriture douce-amère, l’auteur Lilian Lloyd nous livre une tragédie pudique et poétique. On apprécie particulièrement la métaphore du saule pleureur qui enrichit la pièce d’une touche surréaliste. Apres tout, c’est peut-être à cause de cet arbre que la moitié de la salle pleurait sous cape à La Bruyère…
Comme un arbre penché
Mise en scène Jean-Luc Tardieu
D’après un texte de Lilian Lloyd
D’après une idée de Michel Leeb
Avec Francis Perrin, Gersende Perrin et Patrick Bentley
A partir du 21 janvier 2014 au Théâtre La Bruyère ( 5, rue La Bruyère – Paris 9ème / Métro St. Georges )
Location : 0148747699
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