La jeune fille et la mort : « Tant que subsiste la mémoire des faits, il ne peut y avoir de pardon… » (Stefan Zweig)

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Par Mélina Hoffmann –bscnews.fr/ Fin du XXe siècle au Chili. Emprisonnée et torturée pendant de nombreuses années durant l’ancien régime, Paulina Solas, ex-militante, est une jeune femme fragilisée.

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Elle vit dans une maison isolée en bord de mer, aux côtés de son époux Gerardo Escobar, brillant avocat fraîchement nommé à la tête d’une commission chargée d’enquêter sur les crimes commis sous la dictature. Par un soir d’orage, Gerardo tombe en panne sur la route qui le ramène chez lui. C’est le Docteur Miranda qui le raccompagne. Tandis que les deux hommes discutent autour d’un verre, Paulina croit reconnaître en la personne du Docteur Miranda son ancien tortionnaire. Quinze années ont passé, pourtant elle est convaincue d’avoir reconnu sa voix, ses expressions, sa peau…La convivialité ambiante va alors rapidement se dissiper pour laisser place à un climat de tension qui ne cessera de s’intensifier. La jeune femme n’a plus qu’une seule idée en tête : faire avouer le docteur Miranda, et le faire juger par Gerardo. Un procès improvisé où victime et bourreau pourraient bien en arriver à échanger leurs rôles…
Nous voilà plongés dans un huit-clos rythmé et intimiste, à l’atmosphère rendue pesante tant par les jeux de lumière ou les sons d’ambiances extérieures que par les pressions mentales qu’exercent les personnages les uns sur les autres. Mensonges et vérités s’entrelacent, nous sèment. Le suspense est à son comble. Gerardo parviendra-t-il à raisonner l’élan de vengeance de sa femme ? Roberto Miranda est-il ou non l’auteur des faits qui lui sont reprochés ? Paulina ira-t-elle jusqu’à commettre l’irréparable ? Le doute est omniprésent et nous poursuit bien au-delà de la pièce. En effet, le jeu des comédiens – d’une grande justesse – est servi par une mise en scène contemporaine de Massimiliano Verardi qui permet à cette pièce d’une formidable intensité d’interroger – sans aucun moralisme – sur des thèmes universels.
La frontière qui sépare la victime du bourreau est-elle perméable au désir de vengeance ?Jusqu’où le pardon est-il possible ?La légitimité d’un acte peut elle excuser son illégalité ?L’Humanité peut-elle triompher de la recherche de la justice ?
Si la performance des trois comédiens est à saluer, l’interprétation brillante d’Audrey Lange et Philippe Pierrard – au charisme indéniable – est à souligner.

La jeune fille et la mort, d’Ariel Dorfman
Mise en scène : Massimilian Verardi
Avec Philippe Delaunay, Audrey Lange, Philippe Pierrard et la voix de Fabrice Drouelle

Du 6 novembre au 29 décembre 2013, les dimanche 17h – les mercredi 21h30 (uniquement en novembre)
Théâtre Pixel, Paris 18ème

Au Festival d’Avignon Off 2014 – Théâtre littéraire Le Verbe Fou – 19h30

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