Orlando : « La vie est un rêve, c’est le réveil qui nous tue. »
Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Orlando ©Frieke Janssens/ Guy Cassiers et Katelijne Damen ont orchestré un voyage spatio-temporel mémorable dont les racines puisent dans l’oeuvre magistrale de Virginia Woolf, le tronc est tatoué de lumières et vidéos superbes et les branches murmurent dans le vent une mélopée émouvante scandée par une interprète exceptionnelle.
Par transparence, disons tout de même que l’objet est exigeant: 1h45 de narration littéraire sur-titrée en flamand nécessite une sensibilité théâtrale initiale…mais une fois que l’on a intégré le principe, l’oreille se familiarise avec la langue étrangère et se laisse bercer par sa musicalité et sa douceur…cette déclamation est un hommage vibrant au verbe de l’auteure anglo-saxonne : on rit de ses énoncés féministes, on partage son amour des livres et de l’écriture, on soupire de ses amours malheureux…On embrasse à plein coeur la destinée d’Orlando, être extraordinaire qui vécut plus de trois cents ans, changea de sexe, fut l’amant de la Reine d’Angleterre puis celui d’une princesse russe, devint diplomate à Istanbul puis duc, gitan nomade, auteure reconnue et épouse esseulée…une vie riche en rebondissements mais aussi en déceptions qu’exprime avec fébrilité et justesse Katelijne Damen. On ne peut que saluer la performance de la comédienne restituant ce texte conséquent avec tant de naturel qu’il semble naître sur ses lèvres…Baudelaire dirait que « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent » tant les correspondances entre le propos et le plateau se répondent à merveille. Enfin, les interrogations que soulève ce texte achèvent de donner à ce spectacle une universalité lumineuse : Qu’est-ce qu’être homme ou femme? L’amour fait-il toujours souffrir? L’âme n’est-elle féconde que lorsqu’elle est au désespoir? Le monde change-t-il vraiment? Qu’est-ce qu’être moderne?….. Katelijne Damen fait vibrer cette écriture brillante, s’approprie avec amusement les verbiages d’un narrateur-biographe à la crédibilité douteuse et incarne avec une gestuelle primesautière le personnage « androgyne » d’Orlando, laissant dans son sillage un souffle romantique qui nous étourdit !
Orlando de Virginia Woolf
Mise en scène et scénographie: Guy Cassiers
Traduction: Gerardine Franken
Adaptation et interprétation: Katelijne Damen
Dramaturgie: Erwin Jans
Conception vidéo : Frederik Jassogne
Conception lumière: Giacomo Gorini
Conception son: Diederik De Cock
Conception costumes: Katelijne Damen
Dates des représentations:
-Le 11 juin 2013 au Printemps des Comédiens ( Montpellier)
– Au Festival d’Avignon à l’Opéra-Théâtre le 6 juillet 2013 , Place de l’Horloge,
– Au Théâtre de la Bastille à Paris du 6 au 10 novembre 2013
– Au festival Roma Europa qui se déroule à Rome du 15 au 17 novembre 2013, avec surtitrage en italien.