Dandin : le Dindon de la farce
Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr/ Il ne vous reste encore que quelques jours pour aller découvrir George Dandin, une pièce purement moliéresque et pourtant peu connue du grand public. Messire Poquelin y a projeté, comme de coutume, la palette de ses protagonistes favoris: on y retrouve l’éternel mari trompé, l’épouse perfide, le noble présomptueux et les domestiques plein de toupet.
L’histoire est simple : George Dandin, paysan stupide de son état a fait fortune. Il se met alors en tête d’acquérir des titres de noblesse en épousant Angélique, la fille d’un couple de nobliaux de Province complètement ruinés. Le mariage se fait mais la belle épousée ne consent point aux faveurs de son empoté d’époux et préfère les artifices aristocratiques de Clitandre, son bel amant. Dandin affublé du titre de « Monsieur de la Dandinière » passe alors pour le Dindon de la farce et comprend que la particule ne suffit point pour abolir les différences : aucun aristocrate aussi fautif qu’il soit, n’acceptera d’être confondu ou humilié par un vulgaire parvenu ! Le voici donc fustigé par sa femme, réprimandé par ses beaux parents et ridiculisé aux yeux des domestiques ! L’interprétation ne manque pas de panache et se prête fort bien au comique de geste et de fanfaronnade propre à Molière. La Compagnie Auguste Singe est jeune, culottée et se complaît dans la farce avec désinvolture. Malgré leur talent, les comédiens sont parfois trop impulsifs et surjouent. Mais cet excès de mimiques et de galimatias a le mérite de séduire les adolescents présents dans la salle qui apprécient également la modernisation de la pièce : en effet, le metteur en scène Matthieu Penchinat a pris le parti de transposer cette œuvre classique au XXe siècle. Ne soyez donc pas étonné d’entendre Edith Piaf, de déguster un kitchissime poulet aux étincelles ou de voir Messire Clitandre siroter un cocktail en équilibre sur son transat. Loufoque donc et décalé mais le message passe : quelle que soit l’époque, l’ignorance et l’honnêteté des petites gens n’ont que peu de place face au mensonge et à l’hypocrisie des puissants. La morale de Jean Baptiste est décidément immortelle…
George Dandin de Molière
Mis en scène par Matthieu Penchinat
Interprété par la compagnie Auguste Singe :Julien Testard, Julie Méjean, Sylvère Santin / ou Edouard Bonnet, Philippe Baron et Anne Juliette Vassort.
Théâtre du Lucernaire
53, rue Notre-Dame des Champs – Paris 6e
Jusqu’au 30 mars 2013 – Du mardi au samedi 18h30
Réservations : 01 45 44 57 34
A découvrir aussi:
Ce que les enfants racontent à leurs parents quand ils dorment
J’ai bêtement perdu Mariette à cause d’un sanglier qui aimait Chopin : Bienvenue en Rabelaisie !
Mais qu’est ce qu’un porteur d’Histoire?
Barbara : un hommage musical et théâtral de Roland Romanelli