J’ai bêtement perdu Mariette à cause d’un sanglier qui aimait Chopin : Bienvenue en Rabelaisie !

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Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr / Déplacez-vous en Touraine, un après midi de juillet par temps chaud, très chaud. Face à vous s’élève un superbe château Renaissance ayant appartenu à l’illustre famille des Pombrian.

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Leur dernier héritier, Charles, n’a pu acquérir la noble bâtisse faute de pouvoir rembourser les dettes paternelles…Et le voilà, face à vous, orphelin, sans diplôme, affublé de ses plus beaux atours provinciaux pour vous servir de guide. Malgré son sourire convivial, la tache lui semble pénible, et pour cause : comment ne pas se sentir aigri face à des meutes de touristes en quête d’exotisme (en l’occurrence nous, les spectateurs) en les voyant trotter grossièrement sur les dalles de votre enfance ? La visite (et la pièce de théâtre) commence donc au rez-de-chaussée par une présentation solennelle des lieux qui va très rapidement prendre une autre tournure : au gré de sa bouteille, Charles va se laisser aller aux confidences les plus insolites. Vous apprendrez ainsi que cet aristocrate est né un quatorze juillet, que l’abbé du village s’est suicidé pour des raisons peu catholiques, que certains sangliers sont mélomanes et que Mariette, (Ah Mariette !) la nouvelle administratrice du château des Pombrian, est paradoxalement l’amour de jeunesse de votre pauvre guide. Mariette… Idole inaccessible de Charles l’infortuné, muse dominatrice qui n’a que faire de ce conte sans-le-sou. Et pourtant Charles le Gentil continue de soupirer après sa Belle… Vous pensez bien : quinze ans qu’il la lutine sans pouvoir la butiner ! Dans une langue courtoise et libertine, parsemée d’anecdotes cocasses et spirituelles, l’auteur-interprète (Jean Michel Meunier) nous raconte la dévotion et la lourde solitude de son Charles. Muni de sa fiasque et d’une véritable bougie, il va faire apparaître devant vous la salle des miroirs, le labyrinthe de verdure et le panthéon de la famille Pombrian. Passant de la jubilation amoureuse (dans les jardins) à la mélancolie totale (au niveau de la chambre à coucher…), cet auteur épicurien va vous inviter à déguster son texte tout en partageant – réellement – avec vous quelques verres de Chinon. Durant une heure quinze, seul sur scène et dans les arcanes de son château, ce philosophe va avoir la prose railleuse et anticonformiste : au fil de ses saillies, il va maltraiter les buveurs de Coca-Cola, s’insurger contre les pontes de la culture et déprécier les adeptes de Freud.Il faut dire que la verve de Jean Michel Meunier est inépuisable et qu’en digne héritier de Balzac et Rabelais (Tourangeaux eux-mêmes) il écrit et déclame la langue française avec une aisance évidente. Son élocution, ses phrases intarissables et l’effervescence de son ironie ne sont pas sans rappeler l’humour noir et savoureux d‘un certain Pierre Desproges. A l’exemple des vins de l’auguste cave des Pombrian, cette pièce est un bon cru : floral, fruité, puissant et coriace. Vous en prendrez bien une petite gorgée ?

J’ai bêtement perdu Mariette à cause d’un sanglier qui aimait Chopin
Une pièce de et avec Jean Michel Meunier

Jusqu’au 15 juin 2013

Théâtre Essaïon
6, rue Pierre au Lard
75004 Paris

Réservation : 01 42 78 46 42
www.essaïon.com

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