Ita L. née Goldfeld : l’interprétation bouleversante d’Hélène Vincent

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Par Mélina Hoffmann – bscnews.fr /12 décembre 1942. Voilà 35 ans qu’Ita L. née Goldfeld a quitté la Moldavanka, en Ukraine. Elle vit désormais seule, au 4ème étage du 30, rue du Petit Musc, à Paris.

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Parce que « On est en sécurité ici », il disait Salomon, son mari. Salomon est mort au combat, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Jacques, Léon et Anna, eux, les enfants, sont partis. Ita L. vit recluse dans sa solitude quand, un jour, sonnent à sa porte deux jeunes soldats allemands. Ils inspectent son appartement et lui posent quelques questions, puis lui laissent une heure pour faire sa valise. Ils reviendront la chercher ensuite, pour un contrôle d’identité,disent-ils. Ita L. a une heure pour se décider : faire sa valise et attendre, ou faire sa valise et partir. Mais attendre quoi au juste ? Et partir où, avec son étoile juive collée à son manteau et ces rues remplies d’allemands ? une heure pendant laquelle la vieille femme navigue entre l’espoir et le renoncement, la peur et le doute. Une heure que nous vivons à ses côtés, dans une ambiance des plus intimistes, jusqu’à l’issue que nous ne connaissons malheureusement que trop bien. Toute la pièce se déroule dans le petit appartement d’Ita, dans une ambiance tamisée. La mise en scène très intimiste de Julie Lopes Curval et Hélène Vincent, dans un décor très épuré, nous oblige à focaliser notre attention sur le personnage d’Ita, magistralement joué – pour ne pas dire habité – par Hélène Vincent dont les talents d’actrice ont déjà été récompensés par un César pour son rôle dans La Vie est Un Long Fleuve Tranquille, en 1989, ainsi que pour Quelques Heures de Printemps. Les scènes évoquées tout au long de ce monologue se déroulent les unes après les autres sur le visage de la comédienne, comme un film sur un écran de cinéma, tant Hélène Vincent se fond dans le personnage et ses émotions. Même les différentes personnes auxquelles Ita fait référence finissent par nous sembler présents. En proie au doute et à l’inquiétude, Ita se réfugie tour à tour dans ses souvenirs, ses espoirs, ses illusions. Frôlant parfois la folie, elle tente de se convaincre d’une réalité qui lui rendrait la vie plus supportable… C’est vrai, après tout, que feraient deux soldats allemands d’une vieille femme juive malade ? Ils contrôleront simplement ses papiers et la laisseront partir. Comme son fils, Jacques, qui reviendra sûrement une fois qu’ils se seront assurés de son identité… D’ailleurs, c’est peut-être lui, ces pas qu’on entend soudain dans l’escalier !?… Ces moments de naïveté, où l’esprit d’Ita tente de prendre la fuite, sont entrecoupés de brefs et bouleversants instants de lucidité où la tristesse enveloppe tout. Heureusement, de temps à autre, de petites notes d’humour nous permettent de reprendre notre souffle. C’est l’histoire vraie de son arrière grand-mère qui a inspiré cette pièce à Eric Zanettacci. On est ému et attendri, tant par le personnage d’Ita L. et cette douloureuse tranche de vie, que par l’interprétation bouleversante d’Hélène Vincent.

Ita L. née Goldfeld, une pièce dramatique à découvrir sur les planches du Théâtre du Petit Saint-Martin à 19h du mardi au samedi, et le dimanche à 15h.

Avec Hélène Vincent.
Une pièce d’Eric Zanettacci
Mise en scène Julie Lopes Curval et Hélène Vincent
Scénographie Tim Northam
Lumières Arnaud Jung

A partir du 5/02/2013
60 représentations exceptionnelles

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