Le Père ou le cycle de la vie

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Par Soïsic Belin – bscnews.fr / Après La Mère, magnifiquement interprétée par Catherine Hiegel en 2010 et pour lequel elle obtient le Molière de la meilleure comédienne, Florian Zeller nous offre une formidable comédie à l’accent tragique.

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On fera taire ceux qui réduisent le scénario à l’histoire d’un homme atteint d’Alzheimer. C’est bien plus complexe que cela! Comme David Foenkinos avait réussi à nous émouvoir avec son roman Les Souvenirs* (ed. Gallimard- 2011), en faisant l’introspection des maisons de retraite et de l’ambiance «fin de vie» qui en découlait, Florian Zeller raconte le cheminement d’un homme, d’un Père, vers sa dernière destination, il nous offre son dernier voyage et si c’est le plus statique, ce ne sera pas le moins troublant. Il se plaît à nous perdre, nous leurrer, nous spectateurs,par des flashbacks intermittents et des personnages au double jeu. La notion de temporalité est omniprésente, qu’elle soit directement liée à un objet (l’obsession du Père pour sa montre) ou plus latente : avec des zooms sur des scènes particulières qui permettent de les détailler. Si le texte est écrit dès le départ pour Robert Hirsch, l’interprétation de ce dernier l’honore. Le jeu est si juste qu’on arrive à se demander si l’acteur n’est pas en train de vivre son texte, plus que de le jouer. Ses «camarades de planches» ne faiblissent pas, la réplique est assurée, avec Isabelle Gelinas, la magie opère. Patrick Catalifo que l’on connaît ,entre autres, pour ses rôles dans de nombreux téléfilms, et notamment «Les Bleus» sur M6, nous étonne par sa justesse et son rôle d’homme lucide mais cependant cruel; Sophie Bouilloux, Eric Boucher et Elise Diamant ne sont pas en reste et rendent par leur maitrise scénique cette fluidité : gage de réussite de cette pièce. Florian Zeller utilise la technique du « chaud/froid », fait sourire son public par des répliques à l’humour noir et grisant et l’émeut par des postures, des gestes, des regards et des répliques simples, qui nous rappellent juste que ce destin de Père ne nous est pas étranger. Le duo Florian Zeller / Ladislas Chollat nous transporte et nous touche profondément. «La» pièce de la rentrée à ne pas manquer.

Le Père
de Florian Zeller
Mise en scène de Ladislas Chollat.
Au théâtre Hebertot
78bis Bd des Batignoles-75017 Paris.
Métro Villier-Rome.
Du mardi au samedi à 21h
Le dimanche à 16h – Depuis le 20 septembre 2012.

Prolongations jusqu’au 2 février 2014 en raison du succès de la pièce!

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