Jack Kerouac : Les Clochards Célestes adaptés au Théâtre
Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / La proposition des Clochards Célestes de Jack Kerouac au théâtre part d’un très bon sentiment. Mettre en scène, ne serait-ce qu’une photographie instantanée de l’oeuvre de l’écrivain américain, n’est pas une mince affaire. C’est même une entreprise terriblement ambitieuse et cela participe à une certaine audace. C’est le pari qu’ a tenté de relever la compagnie RAOUL RITA avec l’interprétation de Thierry Lefever. La scénographie est épurée et se résume à un banc en bois, une casquette (puis un béret) et un sac. Le choix du texte est porté sur l’inclinaison de Jack Kerouac vers le bouddhisme et la nature, aux côtés de Gary Snyder, autre figure de la Beat Generation.
La rareté de ce choix théâtral déclenche l’excitation et la curiosité de s’asseoir face à l’essence même du Beat. Il faut bien reconnaître que Thierry Lefever se bat avec hargne pour « faire vrai » et ancrer sa pièce dans son époque. Mais au fur et à mesure que le texte s’écoule, la frénésie est totalement étouffée par une énergie désespérée de hisser le texte à ce qu’aurait pu être Kerouac en mouvement. Malheureusement, le comédien se raccroche à celle-ci comme à une bouée.
On définit très distinctement l’ambition de la pièce, mais l’on n’y voit jamais vraiment Jack Kerouac. Au mieux, on l’aperçoit au loin. On y distingue très clairement les prédispositions pour l’alcoolisme et le libertinage des poètes Beat, mais jamais la quintessence d’une génération littéraire, fondatrice en plusieurs points d’une littérature américaine contemporaine.
Gary Snyder et les autres donnent l’impression d’être des malades mentaux en liberté alors qu’ils ont été des voix majeures de la Beat Generation qui ont, pour certains, modelé une vision sociale et poétique de l’Amérique.
En voulant être au plus près de Jack Kerouac, malgré une évidente bonne volonté et une obsession de réalisme, la pièce s’en éloigne. Une nouvelle fois, évoquer Kerouac est une entreprise ambitieuse qui demande bien plus que de l’énergie, mais une frénésie de tous les instants qui ne s’acquiert pas, mais qui s’apprivoise.
Les clochards Célestes
Théâtre les 3 Soleils
du 7 au 28 juillet
tarif : 17 €
tarif carte adhérent public : 12 €
Durée : 1h15
Compagnie R.A.O.U.L et R.I.T.A.
Interprète(s) : Thierry Lefever
Directrice artistique : Diane Meunier
Assistante : Carole Pichené
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